Moitié d'un split sorti au Japon avec le groupe
Low-Pass, cette face d'un vinyle grave sur disque l'immensité qu'avait fait entendre récemment sur scène
fago sepia. Cette immensité, c'est le supplément d'âme apporté par le nouveau batteur et qui dynamite littéralement la musique. Mais aussi la perfection sonore à laquelle parvient le groupe, mélange de virtuosité et de sens mélodique. On entend ainsi tout ce qui fait le propre du math-rock (les changements de rythme, les cassures, les riffs techniques, etc.) et quelque chose de plus. C'est qu'ici le genre ne précède pas l'espèce.
fago sepia s'approprie un genre comme certains se donnent un cadre dans lequel peindre. Il s'agit d'une ligne de conduite, une exigence, une règle qu'on se fixe librement. Changer, toujours changer. Il ne s'agit pas d'une contrainte qui nie l'individualité. Au contraire, elle la révèle. En jouant du math-rock,
fago sepia a en quelque sorte trouvé le meilleur moyen de ne pas en jouer, de s'amuser avec ses codes, sans les réinventer. Ce n'est pas ce qui compte le plus. En se réinventant soi-même à chaque changement. C'est bien plus important.
Treize,
onze,
douze. Ils savent compter. Nous aussi. À quand
quatorze,
quinze, etc. ad inf. ?
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 26/03/2010