Geskia !, aujourd'hui affublé d'un point d'exclamation, continue son exploration de l'underground électronique avec pas moins de deux sorties cette année 2009. D'abord celle signée sur le très obscur label
Subenoana,
President IDM et sa myriade de featurings, puis toujours chez
Flau, l'instrumental
Eclipse 323. Sur ce dernier, il livre une nouvelle fois une belle collection de titres voyageant entre hip-hop de l'espace, musique expérimentale et IDM.
Une vraie suite atmosphérique, aux élans graciles, maîtrisés de bout en bout. Souvent impressionnante, parfois carrément élégiaque, cette dernière mouture confirme tous les espoirs générés depuis
Silent77, et finalement complète assez bien l'organigramme actuel de la très féconde "Internationale Glitch-Hop".
La nouveauté, par rapport à sa précédente sortie, réside essentiellement dans la présence de morceaux plus organiques, d'atmosphères plus spatiales.
Ainsi, dans un registre très mental, notre beatmaker crée une foule de mini-vignettes - les morceaux sont souvent courts - à l'armature bancale, où des click'n'cuts mal affutés accrochent dans leur va-et-vient des mélodies aqueuses au goût de soufre et de ciel.
Ailleurs, ce sont des plages d'une rare délicatesse, plus obsessionnelles, qui marquent les esprits de leur noirceur, suave comme l'éternité.
Ciel...Éternité...Et, au fur et à mesure des écoutes, des impressions qui s'abreuvent inlassablement à ce registre "séraphique". Au même titre que ce disque habité dresse les contours du plus tangible des manifestes.
Celui d'un artiste en prise direct avec son environnement, ouvert aux quatre vents. Un gars sincère pour qui le défrichage sonore et l'articulation d'un nouvel alphabet, loin maintenant des premiers balbutiements, relève d'une véritable gageure.
De ce langage protéiforme inventé en temps réel, il extirpe un dernier au revoir, destiné aux instances de tutelle - de
Prefuse 73 à
Coil, de
Boards Of Canada aux phalanges de
Mush,
anticon. et consort - pour partir dans les étoiles , délirer avec ses potes, qui d'ailleurs le lui rendent bien.
En attestent les trois remixes de titres issus de
Silent 77, par
Caural, porte-drapeaux breakbeat du label
Chocolate Industries (
Vast Aire,
Ghislain Poirier...), le Londonien
Lukid et l'ex-
Hood,
Bracken.
Chroniqué par
Yvan
le 24/02/2010