Quelques notes jetées au piano, d'une main lâche, telles les esquisses hâtives d'une pensée sur le brouillon. La complainte d'une guitare, hésitante et triste. La musique de Christoph Berg, alias
Field Rotation, pourrait bien être une ode à la procrastination, l'hymne obsédant du temps qui passe, seconde par seconde, pendant lequel les infimes distractions sont autant de prétextes qui nous détournent de la fatalité : l'inaboutissement des choses que l'on créé. Les idées sont là, mais impossible de les imbriquer. Et la nuit pèse sur nos épaules, de tout son silence, comme si cela ne suffisait pas de porter le fardeau de sa vacuité contrainte.
Licht Und Schatten, premier album de
Field Rotation, consiste en une collection de titres sur le thème de l'ombre et de la lumière : aurores boréales, nuits urbaines, éclipses de lune.
"C'est comme de peindre les différentes couleurs et nuances d'un éclat de soleil", explique Berg,
"sauf que le canevas est le séquenceur et vous dessinez le son avec." Tel un peintre, donc, l'Allemand étale sept compositions qui ne manquent pas d'inspiration. On pense à
Boy Is Fiction,
Marconi Union, ou encore le tout récent
Fieldhead. Si destination avait la musique de
Field Rotation, elle accompagnerait parfaitement les longues soirées solitaires où l'on s'essaie à créer sans pour autant y arriver.
Chroniqué par
Tehanor
le 22/02/2010