Si les deux complices de
Wordsound ont souvent bossé ensemble c’est pourtant la première fois qu’une sortie associe aussi explicitement leurs deux noms. Nous voici en 2010, internet et le téléchargement ayant radicalement changé la donne, le label, dont
Bill Laswell fut le mécène, est devenu
Wordsound Digital après avoir failli disparaitre.
Mais
Skiz Fernando (Aka
Spectre,
Scarab ou encore
Slotek), musicien et journaliste, est un passionné qui ne renonce pas si facilement. Surtout que son style dub des ténèbres, parfaite bande son pour rituel satanique, hymne guerrier aux saveurs ethniques, engagées et transcendantes garde une aura forte dans un certain milieu du hip-hop underground désormais mondialisé.
Quant à
Sensational, il est certainement le rappeur le plus atypique que l’on ait connu jusqu’ici. Il débuta à 15 ans comme danseur pour les mythiques
Jungle Brothers, puis au micro sur
J Beez Wit The Remedy (1993) où son style crasseux et déstructuré ne passa pas inaperçu, notamment auprès d’un certain…
Bill Laswell, qui lui fera rejoindre le label de Brooklyn dés 95.
Cet
Acid & Bass ne peut pas être qualifié d’album expérimental. Les beats sont lourds, résolument hip-hop, sur des sonorités tantôt électroniques (
The Way I like,
Style Sporadic…), tantôt à la sauce péplum (
Grand Imperial,
Bliss,
Danger…), quelques breakbeats instrumentaux (
Frantic), une touche tribale par ci par là, le doute n’est pas permis, c’est signé. On passe allégrement d’ambiances fun (
Boom Bash Shit) à des ambiances plus strictes (
The Boom). On sera également surpris par un
Take Flight planant et son sample très rap ‘90s sauce
Wu-Tang, registre pas habituel pour les deux protagonistes.
Spectre connait son bonhomme,
Sensational ajoute sa plus-value de son flow saccadé et tout ça groove terriblement.
Cet album ne semble pas avoir d’autre prétention que de faire et se faire plaisir. Il donnera de la matière fraiche aux fans de la première heure. Facile d'accés, il peut aussi permettre à ceux qui ne connaissent pas encore d’entrer en douceur dans l’univers des deux énergumènes.
Chroniqué par
Ikhlas
le 17/02/2010