Ça vous est sûrement déjà arrivé de sortir de club, épuisé mais avec le sourire béat accroché au visage, et d’avoir cette étrange sensation d’être physiquement dehors mais de sentir que votre esprit divague encore entre les beats. A la lumière du jour, votre corps réapprend à se comporter conformément aux normes sociales. Rencontre entre deux mondes, avec leur réalité et leur environnement sonore propre.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce n’est généralement pas un clash mais plutôt une fusion étrange, captivante où la perception des sons redevient comme vierge. C’est exactement l’effet que procure
Black Noise de
Pantha du Prince.
Pour son troisième album, le producteur hambourgeois prolonge son œuvre d’exploration sonore, s’enfonçant dans des abysses musicaux où les repères d’espace et de temps sont vains. L’immersion est plus profonde que ce que proposait son prédécesseur,
This Bliss, dont la deep house était balisée par un esprit fiévreux et extatique. L’esthète allemand, proche des labels
Workshop,
Smallville et
Dial, part ici en quête du bruit noir.
Le bruit noir représente une fréquence inaudible par l’homme mais que les animaux perçoivent, généralement annonciatrice d’une tempête ou d’un bouleversement. Pour retrouver cette proximité avec la nature et se rapprocher d’un rapport plus instinctif et animal,
Hendrik Weber s’est enfermé au milieu des Alpes suisses pour y enregistrer pléthores de bruits naturels, d’où le rendu assez ambient de plusieurs morceaux.
D’une manière générale,
Black Noise est un travail de composition sonore exigeant autant que déroutant, jouant sur l’attraction/répulsion, qui nous replonge à la source du mot « son ». On y entend aussi bien des bruits de pas en forêt que des résurgences soniques shoegaze, du steel drum, des cliquetis sonores étincelants que des voix habitées évanescentes. La sensation de perte prend aussi rapidement que du chloroforme.
D’autant plus que
Pantha du Prince n’égraine des repères rythmiques qu’avec parcimonie. Ils s’installent progressivement au gré de l’album, s’amusent généralement à rentrer puis sortir, comme des apparitions. Des morceaux comme l’intense
Stick to my side (avec la voix du chanteur d’
Animal Collective) ou les haut perchés
Behind The Stars et
Bohemian Forest, accrochent rapidement du fait d’une rythmique plus continue.
Difficile tout de même de ressortir certains titres plus que d’autres tant l’ensemble est cohérent et progressif, comme autant d’indices vers la quête du bruit noir.
On comprend que pour nous inciter à retrouver une approche plus instinctive de la musique, l’Allemand nous invite à élargir notre spectre d’écoute pour révéler la magie de chaque note. Sa démarche de composition est d’ailleurs impressionnante, dans la réflexion et la production.
En donnant vie à ce maelström de sons organiques, de bruits et de rythmiques convoquant ambient naturaliste, shoegaze atone façon
My Bloody Valentine avec toute la finesse de la deep house hambourgeoise actuelle,
Pantha du Prince signe ici un album d’ores et déjà majeur.
Chroniqué par
Damien
le 09/02/2010
par anto (le 11/04/2011)
un album génial, rien à redire! d'ailleurs un cd remix voit le jour bientôt (même sil est déjà dispo sur le net ci et là) > je vous le conseil fortement, il redonne une fraicheur à album après tant d'écoutes
par Slym As-Four (le 15/02/2010)
Cette musique devrait être remboursée par la sécurité sociale. Sérieusement, j'ai jamais autant été surpris par une qualité et justesse de la composition comme que celle de PANTHA DU PRINCE, c fabuleux la facilité qu'il a à jouer des sentiments avec des bruits aussi abstraits...
par Papsout (le 10/02/2010)
De plus ses concerts sont tellement beaux.