La scène électronique japonaise accouche régulièrement de projets plus fous les uns que les autres. Plutôt que de copier leurs confrères américains ou européens, les Japonais, dirait-on, auraient tendance à se rapproprier leurs musiques pour les pousser un peu plus loin. La folktronica y sonne plus expérimentale, l'IDM plus barré, le glitch plus extrême... Le premier album de
Nuearz, nouvelle recrue de chez
Skam, n'échappe par à la règle. Notre homme propose une musique épileptique, dans la lignée de ses compatriotes
Satanicpornocultshop ou, de l'autre côté du Pacifique,
Terminal 11.
Ce n'est pas de tout repos que d'écouter
Saturation Point, tant les compositions ressemblent à de criards patchworks bigarrés. Les rythmiques consistent en un assemblage déstructuré de sons coupés et collés le long d'une cadence binaire que l'on retrouve sur tous les titres. Il n'y a guère que les mélodies auxquelles on peut se raccrocher,
Nuearz ayant eu le bon goût de ne pas les passer sous le bistouri. Ces compositions tumultueuses gardent malgré tout une certaine linéarité ; les mêmes éléments reviennent de façon sporadique. L'effervescence de sons n'empêche pas
Nuearz de développer des thèmes simples, des gimmicks pouvant faire office, chez l'auditeur, de refrains reconnaissables.
Mais si
Nuearz excelle pour ce qui relève de la charcuterie électronique, on ne peut pas en dire autant de ses thèmes. Hormis quelques rares gimmicks qui se distinguent du lot (
Humble Diet), ou les accords de guitare apportant un peu d'âme à l'ouvrage (
Spiral Ramp,
Counterpoise), l'aspect mélodique reste désespérément plat.
Saturation Point porte bien son nom. L'écoute de l'album devient de plus en plus pénible, jusqu'à, effectivement, arriver à un point de saturation. Une fois passé le côté tapageur, il reste bien peu de chose à tirer de cette musique.
Chroniqué par
Tehanor
le 18/01/2010