J’ai souvent l’impression que
Wax Tailor n’est pas réellement aimé des « vrais » passionnés de musique électronique ou hip-hop. Du moins, ceux qui se considèrent comme les « vrais. » Seuls les novices apprécient vraiment. Pas assez alternatif, le Dj est souvent considéré comme trop populaire, trop facile.
Une réputation que je trouve usurpée, considérant son bien joli premier album
Tales of the forgotten melodies. Une réputation injuste si l’on écoute le tout aussi réussi
Hope and sorrow. C’est donc avec la ferveur d’un défenseur des injustices que j’entame l’écoute de son troisième opus
In the mood for life. Façon super-héros, les oreilles masquées d’un Sennheiser.
Enthousiasmé par l’intervention rapide de l’habituelle et talentueuse
Charlotte Savary sur
Dragon chasers, je collecte de petites pierres sur mon chemin, stockées dans mes poches, prêtes à être lancées sur le premier détracteur de Tailor rencontré. Je continue ma collecte de projectiles, à mesure que l’intervention de
Speech Defect confirme la bonne première impression. La flûte traversière, et les cordes, utilisées sur la plupart des morceaux, rythment bien le flow hip-hop. L’agréable
Dry your eyes, chanté par
Sara Genn et encensé par le violoncelle, consolide mon point de vue optimiste.
Mais il manque quelque chose. La rythmique peut-être. Où sont les beats puissants que
JC Le Saoût maîtrisait si bien ?
In the mood for life déçoit aussi par son absence d’âme. L’album déroule comme une suite de chansons, un recueil sans lien apparent. Comme une dégustation de vins où les papilles se perdent dans les saveurs, on ne sait plus si c’est bon. Je laisse discrètement tomber les pierres qui encombrent mes poches, laissant parler les détracteurs de
Wax Tailor, que je comprends maintenant. Je jette finalement les pierres sur les fans de
TTC, par plaisir.
Etrange tout de même. Le mélange hip-hop, soul et groove fonctionne bien. Les intervenants sont doués, à l’image du duo
Savary et Mattic sur
Fireflies, ou le délicieux
This train et le featuring de
Voice & Ali Harter. Excellent,
Charlie Winston vient aussi laisser son empreinte sur l’album. On s’emmerde en revanche profondément sur
Sit & listen. Pas mieux sur
Say yes. Contraste d’un album étrange.
Les détracteurs auront des arguments. J’en aurai aussi à défendre. Je jette les pierres qui me restent sur John Deere et Massey Fergusson… Des tracteurs.
Chroniqué par
Camille
le 25/09/2009
par -sol- (le 07/11/2010)
Loin des vrais, je me permets un petit mot doux.
Supposons que le son soit moins bon que l'époque Doctor L.. on aurait pu penser à un revival, une réouverture des placards, un appel aux zombis..
A mon avis, on est loin de ça. Quand j'écoute le couturier, je n'entends pas que du 'trip-hop', ici et là, les mélodies, interventions virevolent de jazzy à hop, de hip à soul, de down à pop.. ciblées comme le tabasco dans ton bloody mary.
Si Tailor est bon aujourd'hui, c'est sûrement fait de l'ère actuelle, du son qu'on n'a plus forcément l'occasion d'entendre, ci ou là.
Je l'ai vu il y a 3 années puis l'année dernière où la fièvre n'a pas autant grimpé pour repriser.
Mais ça reste dandy, propre, enveloppant comme son.
Et derrière les platines, on semble retrouver quelqu'un de bien, de sobre, d'authentique.. après on n'arrive peut-être pas au niveau d'autres.. mais ça a un charme, inéluctable et indissoluble.
par Arno (le 04/12/2009)
Wax tailor est très bon. Oui, il n'a peut-être rien inventé, mais je ne comprend néanmoins pas cet acharnement! Ce dernier album est moins bon, mais il est toujours au dessus de la moyenne, et largement au dessus! "C'était mieux avant?!?!"! Bravo! Alors faudrait plus jouer de rock tant qu'on y est! Le blues, n'en parlons pas!
Longue vie à Wax Tailor!
http://www.jetfm.asso.fr/site/-CLAP-YOUR-HANDZ-.html
par Clap Yo Handz (le 30/09/2009)
Je viens faire le tracteur, tu permets?
En fait je me suis un peu reconnu dans ta description de ceux qui s'estiment être les "vrais". Après, je pense qu'il y a plusieurs profils derrière cette expression. Wax Tailor, c'est bien produit, soigné, pensé... bien foutu, en fait. Il est d'ailleurs intéressant, dans sa démarche de faire une musique patchwork, mêlant l'univers musique de films avec le hip-hop, s'aventurant en territoire plus funky parfois.
Autrement dit cela brasse large, tout en restant homogène. On n'assiste pas à un éparpillement navrant. En deux mots, c'est du trip-hop. Alors, pourquoi je snobe Wax Tailor? Parce que cette musique (ou étiquette) dont je viens de parler a connu son apogée il y a plus de dix piges! Ecoute 'Exploring the Inside World' de Doctor L, ok il n'y avait pas de collaborations comme en fait le tailleur, mais même en s'en tenant à faire l'homme orchestre en solo, l'album du docteur est d'un autre niveau, et il ne manque rien, sûrement pas un supplément d'âme... Evidemment, Doctor L n'est pas le seul artiste dans ce cas, il ne s'agit pas de comparer deux artistes mais plutôt de se demander ce que cette musique apporte réellement. Cela dit, il demeure nettement plus créatif qu'un beatmaker de base. En définitive, je pense que Wax Tailor c'est pas mal, surtout pour ceux qui débarquent et on raté l'âge d'or préalablement cité. Les autres (les vrais???) savent d'où tout cela vient, et jusqu'où la fièvre a grimpé.
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