Luke Hess est un jeune producteur de vingt-huit ans tout droit sorti du creuset "minimaliste" de la légendaire ville de Détroit. Un ancien disc-jockey qui semble bien décidé à changer de braquet. On peut même dire qu'il (s') y croit. En atteste ces derniers Eps (l'excellent
Dub Is Love) et plus récemment
Light In The Dark, son premier long format sorti chez
Echocord (
Quantec,
Mikkel Metal).
Saupoudrant sa techno de dub et de fields recordings, il apporte la preuve que l'on peut encore essayer de s'épanouir au cœur de Motor City. Le tout, semble-t-il, étant d'avoir la foi.
Suivant une ligne directrice tracée depuis un bail maintenant,
Hess se montre en phase totale avec toutes ses références -
Jeff Mills,
Mad Mike et Jésus (!) pour ne citer qu'eux. Soit une approche très analytique et quasi scientifique du rythme (les très ascétiques
Son Beam ou
Evidence Everywhere) assortie d'une brillante assurance technique (
Self Control ou le très bien troussé
Reel Life et ses cordes analogiques ) et ésotérique (je vous fait grâce de l'inventaire, parcourir la tracklist suffira).
De ce jeu-là, l'Américain tire assez bien sa petite épingle. Sans lasser vraiment (le trop plein de sobriété finit malgré tout par tracasser l'écoute), il dresse sereinement, sans déborder, la toile de fond de son disque, agençant les morceaux les uns après les autres. Ou plutôt les uns par rapport aux autres. Ainsi du début à la fin, l'album s'installe, quasi reptilien, dans un lent mouvement hypnotique et soutenu, mais sans vertige, juste bridé en fait (la Tentation et les croqueurs de pomme mis au rencart ?).
Neuf titres denses et autant de monolithes bien carrés rampant doucement mais surement de la platine vers les lobes concernés du cerveau. Soixante minutes d'un combat se voulant mystique entre un homme habité et ses machines. Et à la sortie de ce cours magistral sévèrement formaté, cette question en suspend : "Monsieur Hess, tout ça ne manquerait-t-il pas d'un brin de folie ?"
Chroniqué par
Yvan
le 25/08/2009