Depuis Berlin,
Maayan Nidam, connue aussi sous le pseudo de
Miss Fitz, décide de nous catapulter à Cuba, où ont été en partie réalisées les prises de son de ce premier long format,
Nightlong. Elle le signe sur le très confidentiel label japonais
PowerShovel Audio.
Initialement, ce dernier réalise
Women Are Beautiful, disque de musique cubaine regroupant un nombre important de protagonistes de la scène locale.
Sur la base de ces morceaux, les patrons du label envisagent la déconstruction pure et simple de ces titres et proposent à
Maayan de se lancer dans cette aventure. Ce concept s'inscrit alors dans un projet plus large tournant exclusivement autour de la créativité féminine dans les domaines de l'art contemporain, la photo et la musique.
Pour en revenir à
Nightlong, on constate qu'au-delà de la nécessité de s'en tenir à un "cahier des charges" quelque peu contraignant, la productrice, d'ordinaire véritable tornade dance-floor, s'éloigne ici considérablement de ses habitudes. Grand bien lui en a pris. Ainsi, elle parvient, tout en s'appropriant des thèmes plutôt traditionnels et en les passant à la moulinette d'une deep house classieuse et sans fioritures, à nous surprendre .
Une belle performance de funambule, à cheval entre musique organique et électronique (le bouleversant
Milagro, et ses quelques notes de piano tressées autour de voix sans âge), qui nous renvoie, en échos lancinants autant que mélancoliques (l'hypnotique
La Noche De Ayer), à une certaine vision. Celle portée par une artiste libérée, une image dépassant celle souvent fantasmée d'un Cuba tout entier retourné d'explosions festives. Ce coin du monde d'où nous parle Maayan est un peu différent. Tout n'y est que langueur, nostalgie et sensualité. Ce qu'il n'est évidemment pas non plus au quotidien, mais il est bon de rêver parfois. Alors, pourquoi s'en priver, surtout quand le transport est si confortable.
Chroniqué par
Yvan
le 20/07/2009