Ben Klock est Dj résident au Berghain. C'est le genre de fait d'armes qui marque. D'autant plus quand on sait vraiment ce qu'est cet endroit.
Oui, un des hauts lieux de la nuit berlinoise, où la fête résonne sans discontinuer entre les murs de béton d'une ancienne usine désaffectée. Un véritable bunker autrefois dédiée à la Fée Electricité, aujourd'hui devenue l'antre d'une autre muse : la Reine Electronique.
Mais au-delà du C.V. du bonhomme, c'est bien entendu la rencontre avec sa musique qui interpelle. 2008, premier contact avec son titre
October - était-ce en automne... je ne sais plus -, un morceau signé sur
BPitch Control. Déjà sa techno se fait singulière, goût de ferraille, échos cadencés, réglés comme une horloge (!). On accroche sans ciller.
D'autres maxis suivront toujours chez la belle
Ellen, puis sur
Ostgut Tonräger, le label du Berghain (leur dernière sortie, un mix de
Len Faki, est phénoménale). C'est d'ailleurs sur ce dernier que paraît
One. Un disque d'une grande justesse, dans le sens où il vise au bon endroit. Mettant à bas l'étendard bien usé du "tout-BPM", il décide de parler à nos têtes bien plus qu'à nos jambes. Ce qui n'empêchera pas que celles-ci auront, au fil des écoutes, du mal à tenir en place. C'est là, la grosse performance de cet opus, le premier d'Herr
Klock.
Oscillant entre ambient et techno, session dub ou plus soul, il parvient à ménager fougue et abandon, extrême pulsion et sensualité crue (
Check For Pulse est assez représentatif de ce va et vient). L'union des oppositions, avec jointures apparentes, des sutures presque, bien ficelées, au service de l'auditeur qui ne rêve alors plus que d'une chose, les défaire pour voir ce qui se trame en dessous. Stimulant ainsi la curiosité autant que le plaisir de l'écoute,
One est fort de sa logique cohérente - c'est très "carré" c'est certain, seul bémol à cette histoire -, servie par une production aride et un agencement de tracklist qui n'a certainement pas été laissé au hasard.
Treize titres pour un chemin tracé jusqu'au sommet de l'album, pour nous le doublon
Cargo/Ok, avec cette sublime séance d'hypnose collective poussée à son paroxysme mélodique par la voix venue d'un autre monde d'
Elif Biçer (croisée l'an passé sur le
Serenity de
Prosumer & Murat Tepeli); et une descente assurée sans encombre jusqu'au bien nommé
Thirteen Rounds, dub et sombre à souhait.
Tout en rendant subtilement hommage aux anciens - ceux de Motor City bien sûr -
Ben Klock a réussi à créer aujourd'hui une musique exigeante en accord avec son temps, à laquelle on ne peut que souhaiter un avenir radieux. Tout du moins, on espère que ce sera le sort réservé à
One, qui s'il n'est pas unique est bel et bien un disque à part.
Chroniqué par
Yvan
le 13/05/2009