Avec
Repush Machina,
Franck Vigroux reprend les rênes de
Push The Triangle, un projet solide qui avait déjà accouché du très bon
Cos la Machina 1. Le line up, toutefois, s’est resserré autour de
Vigroux à la guitare et aux platines, de
Michel Blanc à la batterie et de
Stéphane Payen au saxophone. Les voix de
Médéric Collignon (qui officiait aussi aux machines) et
Jean Priddle ne sont donc plus de la partie.
La musique a ainsi gagné en sécheresse, et ôté quelques ornements sonores. Elle reste dense, mais plus dure, plus heurtée, plus frontale. Ainsi de
My Dear Chloé, qui semble s’apaiser doucement pour mieux tromper la vigilance : la batterie marque discrètements quelques temps sur la charley, la guitare tresse ses motifs sur des nappes de saxophone, avant de réexposer brutalement son thème bruitiste qui s’achèvera au milieu des saturations et des roulements.
Distribuant le calme et la tempête, mais aussi le chaud et le froid, lorsque le vibrato du saxophone se mêle aux bip électroniques glacés de
Repush, le trio varie les formules comme autant de petites expériences courtes mais pas moins intenses pour autant. Expériences qui sont toujours prétexte à mêler ensemble des pratiques instrumentales généralement isolées les unes des autres, et de forcer en quelque sorte leurs frontières respectives par la sauvagerie du jeu collectif. D’où ce curieux paradoxe qui veut que, pour articuler ensemble des genres étrangers, le trio s’emploie à moins articuler sa musique : dans
The Blame, c’est une caisse claire monomaniaque qui mène le jeu pour donner un battement sur lequel viendront s’emboîter textures électroniques, variations free et embryons de rythmiques rock (dans
Triste (19 semaines), un groove heurté venait pointer le bout de son nez, pour déchirer dans la contradiction cette savante composition basée sur une série de faux départs).
En exposant de la sorte, sans relâche et frontalement, la fabrique musicale mise en place,
Repush Machina s’écoute comme une œuvre forte et formaliste en même temps qu’il dispose, en toute liberté, de belles pièces pour de futurs enregistrements.
Chroniqué par
Mathias
le 07/01/2009