Moins d’un an après un double album compilant versions acoustiques et inédits,
Sigur Rós arrose l’été 2008 d’un cinquième album studio,
Með Suð í Eyrum Við Spilum Endalaust. Soit,
With A Buzz In Our Ears We Play Endlessly. On attend déjà la version luxe du disque, comprenant un livre sur son enregistrement et un film.
Si
Heima, le splendide film sur leur tournée islandaise, a mis tout le monde d’accord, il reste néanmoins à voir si
Sigur Rós est capable de se renouveler et de franchir des caps.
Takk... à cet égard, a déjà pu en décevoir quelques-uns.
Með Suð í Eyrum Við Spilum Endalaust a été composé, enregistré et mixé en un temps record pour le groupe. Comme si
Jonsi et consorts souhaitaient retrouver une spontanéité qui avait déserté
Takk…Nul ne peut douter qu’avec le seul titre
Gobbledigook,
Sigur Rós tente une échappée belle dans des contrées nettement plus pop, confirmée par
Inní mér syngur vitleysingur. Avec ces nouvelles rythmiques tourbillonnantes,
Sigur Rós semble abandonner les plaines pour la ville. Résultat étonnant, déroutant même.
Néanmoins, les racines sont là et
Góðan daginn, et plus encore
Festival, renouent avec les longues mélopées épiques du groupe. Toujours aussi magistralement interprétées, toujours aussi touchantes.
Ara bátur, enregistrée avec le
London Sinfonietta et le
London Oratory Boy’s Choir, confirme : de plus en plus orchestrale, la musique des Islandais évoluent dans un sillon qui semble déjà tracé. Ou comment changer d’air tout en restant en place, sans pour autant faire du surplace.
Qu’on se le dise, il est toujours aussi agréable de se laisser bercer par
Jonsi, de voyager au rythme de
Sigur Ros, même si le risque d’entendre un sixième album déjà éculé, avant même d’être sorti, est bien là. Car ce que nous dit
Með Suð í Eyrum Við Spilum Endalaust, au final, est que les expérimentations les plus risquées, les virages les moins attendus, sont derrière eux. Les tentatives de
Ba Ba Ti Ki Di Do, reprises partiellement dans la bande son du documentaire
Hlemmur, ne sont plus qu’égarement. Dommage.
Chroniqué par
Igor
le 18/08/2008