Certains diront que ce sont des charlots. Sur la scène rap française, mieux vaut être de la banlieue parisienne ou marseillaise pour la ramener. Certains affichent pourtant leurs origines avec fierté, comme une part de leur identité. C’est le cas de
Nouvel R, groupe venu d’Angers, dont le premier album
Hybride, jeté comme un pavé dans la mare hip-hop, devrait faire des remous.
Trois ans que ces gars là tournent sur les scènes de l’ouest et d’ailleurs, sans avoir sorti le moindre album studio. Et voilà qu’ils se lancent. Quatre MC’s, une basse et du beat box, les Angevins de
Nouvel R sont au complet. Forcément, pour un premier essai, le résultat est soigné. On n’écume pas les lives sans en ressortir grandi.
Saïan Supa Crew,
TTC,
Kenny Arkana, ces artistes là ne se sont pas trompés en invitant
Nouvel R pour leurs premières parties.
Cordes, piano, sitar, accordéon, clarinette… Voilà un opus musical, bien loin de l’image du rappeur seul sur scène accompagné de Dj Bancal, qui scratche tout ce qui bouge. Les pistes instrumentales sont propres, accompagnant les flows maîtrisés à juste mesure. Un cocktail bien dosé en somme, à base de hip-hop, de jazz et de samples électroniques.
Côté textes,
Nouvel R, proteste. Proteste contre la culture du paraître, le tuning, ou les dérives d'une société souvent décriée. Le tout, toujours distillé avec l’énergie du live. On apprécie particulièrement l'usage du violoncelle sur
Bout de tissu, donnant au hip-hop des Angevins un aspect mélodique suffisamment rare pour le souligner, non sans rappeler
La Caution.
Hybride fait plaisir à entendre sur la scène rap française, plus souvent portée par l'envie (ou la contrainte) de faire du chiffre plutôt que par la qualité. Sans révolutionner son époque ni complètement honorer son patronyme,
Nouvel R apporte une touche originale.
Chroniqué par
Camille
le 09/04/2008
