A l'heure des bilans, fin d'année oblige, reconnaître que la musique electro a vu ses consonances urbaines revêtir des oripeaux de plus en plus digitaux est le moins qu'on puisse faire. Remarquer que ce deuxième album de la trublionne teutonne
Quio, assistée du couple
AGF (production et chant) et
Vladislav Delay (mastering), relève carrément de ce constat est la moindre des choses. De là à conclure qu'il n'y a rien de bien neuf sous l'absence actuelle de soleil, il n'y aurait qu'un pas.
Mais ce serait sans compter la personnalité et la qualité de ces artistes, étrange croisement entre nonchalance et ludisme allumé, qui, avec malice et esprit, proposent une série de titres méticuleusement mis sens dessus-dessous, donnant à
Phiu une aura de bordel tant bien que mal organisé.
Multiple autant que complexe,
Quio oscille entre hip-hop (
Rising Tide où
AGF assisté là de
Audiotaxi duo de producteurs electronica, envoient une instru drum'n'bass toute feutrée), dub (le bref final tout en rondeur
Chilaine, des voix d'enfants et une palanquée de featuring déglingués en prime) et trip-hop (mélancolique sur
Shellshocked ou plus sombre et torturé sur
Me Mucker sous la houlette de la "Wild Bunch venu de l'Est", les
Al Haca).
Tout ça sans oublier au passage de se laisser parer de quelques froufrous popifiant (le dispensable
Grow Together et le chant mal maîtrisé de
Lise invitée atténuant la surprise à venir de l'accordéon de
Ina Z sur
Come Closer), de deux ou trois paillettes soul (le destructuré
Mole avec une meilleure prestation de la jeune
Lise) et quelques poses torrides (le rapper brésilien
Edu K sur
Minha Rima pour une leçon de baile funk imparable et le clou du spectacle avec le retour de l'emblématique
Nicolette derrière un micro sur le chaloupé
So Loud, un succès !!).
Un résultat redoutable pour des morceaux en forme de friandises acidulées (la ghost track
Underground Essentials), des petites pastilles musicales, dynamiques et décrispantes, à s'enfiler par poignées au risque de le regretter (l'introductif et mal placé
Bratwurst augurant du pire ) et de s'exploser quelque peu la glycémie (pour la douceur éthérée de
I Jump où Fräulein
A.
Greie-
Fuchs donne aussi de la voix, aucun scrupule à avoir).
En somme,
Quio et
AGF proposent une musique synchro avec son temps, sans prétention et terriblement entêtante qui, même si elle déçoit par endroit, se consomme sans fin, hissant la gourmandise parmi les tares les plus supportables. Et vu les brimades et autres excès indécents du moment, c'est déjà en soi une bien belle réussite.
Chroniqué par
Yvan
le 28/12/2007