Si tout l'été musical n'avait été ébloui par qui vous savez (si, si, les deux gus en noir qui font joujou avec un crucifix…), on aurait sûrement vu naître un autre buzz made in France, moins tapageur probablement, mais tout aussi mérité, si ce n'est plus…
Intéressons-nous donc à ces outsiders de choix.
Outlines est un trio originaire de Strasbourg, repéré il y a quelques étés par le sieur
Gilles Peterson, soutenus et joués par
Laurent Garnier, et signés dans la foulée chez les allemands de
Sonar Kollektiv, rien que ça. Après avoir égrené sous forme de singles deux moments forts de l'album à venir, voici donc venu le temps du long format.
Sortait donc cet été cette savoureuse galette qu'est
Our Lives Are Too Short, sa fournée de tubes et de prestigieux featurings (
Beat Assaillant,
Abd Al Malik, la légende
RZA et
Dj Mehdi, ici remixé).
Proche du voisin germanique de par la chapelle et la géographie, la musique d'
Outlines tend plus volontiers vers des références anglo-saxones, donnant dans ce que l'on pourrait qualifier de nu-soul (le terme est affreux, je vous le concède). Comprenez un habile pot-pourri de soul, donc, de hip-hop et d'électro, faisant la part belle aux voix, chantées ou rappées. La production impeccable est un des atouts majeurs de cet album, avec un mixage très "bright" et dynamique. Les beats, comme on était en droit de l'attendre, sont syncopés à souhait, et forment avec les furieuses basses funky une assise puissante et prédominante. Plus en retrait, les samples, de piano le plus souvent, sont cuttés et pitchés dans la plus grande et ingénieuse tradition du hip-hop, emportant cœurs et estomacs dans le sillage de la rythmique.
Prenant donc. Oui mais classieux aussi. Et frais, à l'image des excellents
Now That I Am Free, avec
RZA,
Listen to the Drums ou
Matter of Time. Mais il serait injuste de mettre en avant certains titres, tant cet album est homogène. Il y a beaucoup d'idées, peu de fautes de goût, et à vrai dire les featurings, imposants sur le papier et plutôt réussis, en deviennent presque facultatifs, devant la force créative et l'identité du jeune trio.
Alors me direz-vous, ça en fait un paquet, de compliments, non ? Certes, mais il y a plusieurs raisons à cela. D'abord, et j'espère que vous le constaterez vous-même (je vous y invite expressément), ce disque est jubilatoire d'un bout à l'autre, et le charme ne s'estompe pas au bout d'une dizaine d'écoutes, bien au contraire. Ensuite, au regard de cette incroyable collection de perles, il y a fort à parier que nos alsaciens en ont encore pas mal sous le coude. Prometteurs, comme on dit dans le jargon…
Chroniqué par
Rafiralfiro
le 20/10/2007