Sur ses précédents essais,
Kettel avait laissé entrevoir un vrai potentiel sans toutefois parvenir à faire l’unanimité. La raison de ce bilan mitigé? Des sorties tout à faits inégales, sur lesquelles on pouvait trouver aussi bien de véritables chefs d’œuvre que des morceaux sans intérêt... Dommage car si tous ses disques avaient été plus consistants et dans la lignée de ses meilleures productions, le jeune néerlandais serait déjà passé du statut d’espoir à celui d’artiste confirmé. Alors qu’en est-il aujourd’hui ? Est-ce que
My Dogan va lui permettre de franchir ce pas? Est-ce enfin l’album de la maturité, de la confirmation? La réponse à la fin …
Dès l’entame du disque on est embarqué dans la galaxie
Kettel . Sa musique respire l’enthousiasme et la joie entre mélodie sucrées, carillonnements intempestifs et beat sautillant.
Mauerbrecher souligne par ailleurs combien l’artiste a été influencé par
Plaid, rappelant un certain
Last Remember Thing sur
Rest Proof Clockwork. Breakbeats electronica vrillés, basses entortillées, mélodie entêtante, rythmique enjouée... la meilleure piste de l’album incontestablement. On retrouve cette influence sur
Meeuwuh avec des sonorités cristallines proches de celles utilisées par les deux génies
warpiens évoqués précédemment.
Vient alors le premier faux pas de notre ami batave :
Halt Him. Ressurgissent alors ses vieux démons quant à l’indispensable régularité qui fait qu’un artiste est reconnu (ou pas…). Plage ambient syncopée, le morceau s’avère beaucoup trop long et on a l’impression que
Kettel a cherché a meubler plus qu’autre chose.
Halt him aurait d’ailleurs pu être un simple interlude sur n’importe quel album d'electronica similaire.
Heureusement la suite se veut plus réjouissante et on repart de plus belle avec un
Manschaft flirtant délicieusement avec le son habituellement entendu du côté des
Boards of Canada et surtout avec ce
Follow Me! reprenant les recettes magiques des premiers morceaux : joie, rythme, légèreté… l’ajout de quelques notes de piano rend le tout irrésistiblement jazzy !
La fin de
My Dogan se veut un poil moins joyeuse ;
Sekt I Sing est plutôt réussi mais un brin répétitif et trop long.
Sylvia trahit encore le goût de
Kettel pour le label
Warp avec une basse rappelant un certain Tom Jenkinson alias
Squarepusher…
Afwezig rappelle
Amon Tobin pour ses breakbeats ciselés en version happy bien sûr!
On touche alors au but, plus que deux tracks qui malheureusement ne concluront pas
My Dogan comme on l’aurait souhaité. Encore deux pièces ambient sans grande saveur et beaucoup trop longues ;
Choo Choo India se veut brumeux et mystérieux et l’on s’attend à ce qu’un rayon de soleil vienne dissiper le brouillard mais….rien. Enfin si
He’s His Own Man n’avait pas été là, on n’aurait pas vu de différence tant il est inconsistant…
Pour conclure si
My Dogan s’avère très agréable à écouter, il n’est pas encore l’album du sacre pour
Kettel ; dommage car lorsqu’il ne joue pas les
Brian Eno ou les
Pan American en herbe, le pensionnaire de Sending Orbs peut composer une musique fine et enjouée, rythmée et mélodieuse… On aime également le côté naïf de ses productions, rappelant parfois
Wagon Christ ou
Mr Scruff ...Bref il y a du talent à revendre chez Raimer Eising, on l’a déjà dit, et même si
My Dogan n’est pas aussi dense qu’espéré, parions que son prochain album sera le bon !
Chroniqué par
Fabien
le 10/03/2007