Cher ami lecteur, fidèle de dMute, je te vois perplexe et je te comprends :
Giant est décrit un peu partout comme étant le premier album réellement majeur de la famille
Herman Düne, certains allant même jusqu’à le placer dans le peloton de tête des disques les plus importants de l’année 2006 ; or, comme tu as toujours considéré d’un oeil mi-amusé mi-consterné les frères
Herman Düne, leur look improbable (entre
Sébastien Tellier rural et
Georges Moustaki vintage), leurs pochettes insultant régulièrement le bon goût, et surtout leurs centaines de chansons semi ( ?) improvisées, mettant toujours un peu plus à mal les règles les plus élémentaires de l’enregistrement moderne et / ou de la justesse, tu te demandes tout à fait légitimement si, par hasard, ce nouvel album ne pourrait pas être l’occasion de changer d’avis (ou de t’en faire un ?) sur la fratrie barbue.
Bien que je reconnaisse là l’esprit d’ouverture qui te caractérise et que je t’en félicite, mon devoir, ami lecteur, est tout de même, lorsque cela est possible, de te faire économiser du temps, de l’énergie, et de l’argent si, comme le veut la loi, tu achètes encore les disques que tu écoutes.
Sache donc que la seule chose qui distingue
Giant des 112 autres albums de
Herman Düne est le soin apporté aux arrangements. Attention, tu n’y entendras pas d’orchestre symphonique ou de beats électro concassés ; ici, outre les habituelles guitares en bois, ce sont les percussions en tous genres, les cuivres (virant mariachi sur certains titres) et un choeur féminin tout droit sorti de l’âge d’or du doo-wop qui mènent les débats, agrémentés de temps à autres d’instruments issus de l’habituel bric-à-brac antifolk (le ukulélé, décedément très à la mode ces temps-ci...).
En dehors de cela, rien n’a vraiment changé : David-Ivar écrit toujours la même chanson (qui, parée d’arrangements idoines, peut s’avérer terriblement séduisante, comme
Take him back to New York City et ses clins d’oeil soul irrésistibles) ; André explore des registres plus diversifiés mais souvent moins percutants que son frère ; et le groupe se refuse toujours à faire le tri dans sa production pléthorique, où le pire (un
Pure hearts tout à fait quelconque, ou un
This summer paresseux et pas très éloigné de la variété) côtoie allègrement le meilleur (
When the water gets cold..., ballade à la
Leonard Cohen uniquement rythmée par un tambourin ;
I’d rather walk than run et ses inflexions dylanesques...).
Comme toujours, l’ensemble baigne dans une atmosphère de générosité quasi-hippie (aïe), susceptible aussi bien d’irriter au dernier degré que d’emporter les dernières réticences des hésitants.
Partant de là, ami lecteur, à toi de voir si le simple fait de faire porter des habits neufs à des compos pouilleuses mais sympathiques suffit à susciter chez toi un intérêt renouvellé pour
Herman Düne.
Sache cependant que, quel que soit ton choix, dMute t’aimera toujours.
Bien à toi.
Chroniqué par
Bigmouth
le 05/02/2007