On sait gré au label anglais Domino de n’avoir pas, malgré le succès (
Franz Ferdinand,
Arctic Monkeys), dévié de sa belle ligne de conduite : demeurer ce label passionné, découvreur des talents cachés de la musique indépendante anglo-saxonne et américaine. Nouvelle signature en ce début 2007, l’Américain
Benjy Ferree ouvre de belle manière l’année musicale du label.
La biographie succinte fournie par le label nous donne quelques indications sur ce parfait inconnu installé en Californie mais originaire du Maryland, dont la référence affichée est
Will Oldham… Pas une surprise en soi, tant le maître a fait beaucoup de disciples. Mais une fois n’est pas coutume, c’est d’abord pour ses faits d’armes au cinéma (Matewan) et non musicaux que
Will Oldham a inspiré
Benjy Ferree.
Encore faut-il écouter le disque pour comprendre ce qui irrigue l’imaginaire musical de
Benjy Ferree. Et l’on constate vite que sans pour autant se disperser, l'Américain choisit judicieusement de ne pas restreindre sa palette musicale, présentant en 10 morceaux impeccables un joli éventail de possibilités. Il est certes question d’americana, mais du rock d’ouverture au folk façon
Devendra Banhart de
A Little at a time, en passant par
Private Honeymoon (qui commencerait comme un accapella de
Jeff Buckley croisant sur sa route les arrangements boisés d’un
Andrew Bird et le lyrisme de
Rufus Wainwright), ou la country/blues endiablée d’un
Hollywood sign (harmonica, banjo, bien sûr de sortie),
Ferree déploie sur son premier album une succession de morceaux prêts-à-siffloter avec une habileté et une facilité confondantes. Le sens de la mélodie et du gimmick accrocheurs,
Benjy Ferre n’en est pas dépourvu, il en use, sans en abuser.
Ainsi,
Leaving The Nest ne sonne jamais comme un digest, une synthèse édulcorée de la musique populaire rock américaine. C’est en musicien avisé que le songwriter nous dessine la carte de son Amérique musicale, dont il revisite sans passéisme et avec fraîcheur les traditions.
Chroniqué par
Imogen
le 29/01/2007