Ce disque, c'est rien que pour moi. Moi, avec pour seul appétit tout ce que ma sensibilité kidulte serait capable d'éveiller. Une musique de gosse, formatée pour une oreille électronique. Celle qui éclabousse le plafond de milles petits motifs lumineux tournant inlassablement jusqu'à ce qu'épuisement des batteries s'ensuive. Il ne me resterait plus alors qu'à faire un pas de côté pour mieux fuir les exigences de la réalité, et je me retrouverais de suite plongé dans ce coloriage auditif géant. Peut être pas pour y gicler l'entière palette de couleurs de ma pochette de feutres mais au moins pour y laisser deux trois pages de mon oisiveté.
L'imaginaire croqué par un piège à fantaisie, j'essairais de ramper, tant bien que mal, au milieu de ces pelotes et peluches de sons qui s'entremêlent et se démêlent avec une innocence et une légèreté presque violamment niaises. Comme si tout le sadisme dont serait capable un gosse envers une bestiole – qu'il lui suffirait d'écrabouiller pour faire jaillir la pointe de ludisme confiée d'instinct à l'acte. Comme si cette espièglerie venait s'incarner dans un burin, avec lequel on concasserait de la même manière un bon bloc de rythmes cristallins. Aucun scrupule. L'electronica est devenu ici foncièrement candide. Gimmicks puérils et nappes juvéniles viennent s'y frotter tant et si bien qu'ils finissent par nous entraîner dans leur chute sur les berges fertiles de contrées hautement oniriques. Puis on se retrouve là, tout seul, comme un con, ne sachant plus à quelle projection mentale confier son cheminement.
Au moins, vous y êtes. Le manège enchanté de
Minitronic. C'est
Deework qui se cache en fait derrière cet homonyme, l'une des têtes de proue du collectif Bedroom Research. On retrouve d'ailleurs dans ce projet ce goût pour les comptines électroniques qui transparaissait bien plus nettement dans ses premiers travaux que dans les derniers plus orientés abstract hip-hop. Comme quoi, notre bonhomme n'avait pas définitivement refoulé sa part de gosse. Mais plutôt que de soigner sa schizophrénie, il choisit judicieusement de s'y complaire et de dédoubler sa fiche signalétique pour mieux assumer ses deux facettes.
Chroniqué par
Tehanor
le 12/11/2006