Au premier coup d'oeil, ils ont l'air déjanté. Déjantés mais attachants. D'ailleurs au fond de toi, il y a eu ce petit déclic instinctif. Ne le cache pas : ils ressemblent curieusement aux partenaires clubbing dont tu as toujours rêvé la samedi soir, quand tu t'ennuyais tout seul accoudé au bar du nightclub voisin. Ouais. Ces space-annélides exhibés sur la pochette de l'album avaient un foutu sens du groove. Contagieux ! Et puis ils te font tous signe. Va donc les rejoindre! Pourquoi es-tu encore si réticent ? Quoi? Qui se cache sous l'énorme combinaison du DJ mutant ? Mais
Jay Haze & Samin, aka le duo le plus excitant du moment depuis leur récent projet hip-hop sous le pseudo
Bearback et qui esquisse ici sa vision profondément barrée du clubbing.
Cet album, c'est un ovni. Mais au sens premier du terme. Les sonorités qui s'en échappent sont une fidèle déclinaison lumineuse du tableau de bord acnéïque d'une soucoupe volante construite par Hänsel & Gretel. Les mélodies y sont semblables à une profusion de bitonaux aux formes différentes et couleurs clignotantes, sur lesquels un pilote inexpérimenté s'empresserait d'appuyer frénétiquement avec ses multiples orteils.
Parfois, dans l'incohérence de ses mouvements, il active la machine à fumée vocale et l'on se laisse surprendre par cette petite voix de toaster, ayant le micro-type des fêtes foraines coincé dans le gosier (
Ride the Pony,
It's only music,
Bongo Porn). En fronçant ses narines, on retrouve même des arômes familiers, joyeux et timbrés, qui ne sont pas sans rappeler l'humour de
Fingathing.
Et parce qu'il faut toujours un mot de la fin, ou plutôt une morale mémorable et empreinte de sagesse, laissons-la à un des children of love :
I wanna rock my body, rock my soul, I wanna my head go crazy, I wanna shake my ass, I can't let that pass.
Chroniqué par
P3yolt
le 28/08/2006