Freejazzman actif dans les années 1960 aux côtés de
Sunny Murray ou
Bill Dixon, le saxophoniste
Byard Lancaster a toujours su éviter l’écueil de la théorie ressassée jusqu’à perte d’acuité. Indiscipliné, son jazz se sera frotté au funk autant qu’au folklore jamaïcain ; aura aussi subi quelques incartades punks. Pour mieux revenir, aujourd’hui, à l’endroit où tout a commencé.
Vu de l’
Ancestral Link Hotel, l’horizon est africain. La voix de
Lancaster alterne avec le jeu d’une flûte rudimentaire sur les percussions sagement déposées par
Harold E. Smith – partenaire historique de
Joe McPhee – et les allées et venues d’archets, sur les contrebasses d’
Ed Crockett et
Bert Harris. Un peu à la manière de l'
Art Ensemble, le groupe installe une impression sensible relevée par les interventions de cloches et de sifflets.
Ensuite, viennent les conséquences: blues obligé (
Slow Blues in G), hard bop subtil (
Milestones), ballade précipitée par un swing convaincant (
Killer Joe), ou free jazz affirmé encore et toujours aussi élégamment, au soprano (
Searching) ou à l’alto (sur le ludique et efficace
Holy Buddy). Terminant le concert par un solo dense,
Byard Lancaster aura ainsi naturellement réinventé l’intégralité de ses classiques.
Chroniqué par
Grisli
le 21/08/2006