The Secret society est le projet madrilain du songwriter Pepo Marquez. Après avoir sorti trois eps, contribué à plusieurs compilations, et collaboré avec des formations aussi reconnues que
Songs :Ohia,
Xiu Xiu ou
Magnolia Electric Co., c’est au tour du premier album de
The Secret society de voir le jour sur le label Acuarela.
Sad boy dance when no one’s watching, un joli titre pour un recueil de chansons lo-fi simples et directes, sans fioritures, proches souvent de
Will Oldham : une guitare, une voix, une batterie, un harmonica,également un piano et un violon parfois, sont les ingrédients de ces morceaux troussés par instants sur le fil d’une rythmique pesante, ou au contraire souple et entraînante, que ne renierait pas Swell (
Passenger)
Les premières mesures quelques peu neurasthéniques de
Moving Units nous font d’abord craindre que Pepo ne verse dans une torpeur folk à laquelle, en ces jours de rédaction de chronique caniculaire , on ne survivrait pas. Heureusement pour nous, il ne se laisse pas aller à une lyrique amoureuse misérabiliste, tendance lourde des folkeux "patheux", pour reprendre un mot de Francis Ponge. « Fuck romantic boy. Fuck all modern couples. Fuck us after all » scande-t-il , donnant progressivement au morceau un tour plus mordant.
En donnant à ses histoires d’amours déçues les traits d’une allégresse mélancolique
The Secret Society nous charme (
night makes look like bigger), nous remue sur
Fight fire with fire, lorsque la charge politique fait dans la dentelle (acoustique). Pepo Marquez corse le propos sur un
Man vs Machine plus rock, pour rebondir ensuite et nous avec sur un beat electro sorti d’on ne sait quel sampler vintage : "Sad boys dance" sur ce morceau groovy.
Franz Ferdinand faisait danser les filles hier,
The Secret Society fait danser les garçons tristes aujourd'hui, et ce n’est que justice.
Le madrilain laisse libre cours à sa langue maternelle sur deux des meilleurs moments du disque :
de costa a costa, chanté avec délicatesse par une demoiselle qui l’accompagne sur un poème de Federico Garcia Lorca ,
La leyenda del tiempo, très joliment arrangé.
Discrètement dramatique sur le diptyque
City Lights, la musique de
The Secret Society touche définitivement la corde sensible. Avec une réussite que ne laissait pas forcément présager certaines des influences casse-gueule (
Joy Division, Nirvana) annoncées sur la feuille de presse, qui demeurent (heureusement à vrai dire) imperceptibles.
Chroniqué par
Imogen
le 15/06/2006