Sans trop pouvoir expliquer pourquoi, il me semble qu’aujourd’hui, l’ambient la plus intéressante et pointue est celle qui joue la carte de la densité maximale, l’ambient sans nappes, l’ambient qui sature l’espace sonore d’informations diverses. Parce qu’elle délaisse le champ de l’ambient pour approcher l’électronica, qui reste (pardon pour la généralisation abusive) un genre moins castrateur.
Keith Fullerton Whitman et son
Twenty Two Minutes for Electric Guitar comme parangon de cette ambient non-ambient.
Avec ces
Hydrophonies et ce
Seuchengebiete,
Asmus Tietchens y parvient presque, mais manque de peu ce modèle idéal d’une ambient qui aurait laissé son obscurité, ses vapeurs élastiques et ses machines molles au profit d’une ambient en gloire, toute de fermeté, de rigueur, de force et d’énergie.
En soi, rien de bien grave : car la démarche ici est suffisamment aboutie pour que l’amateur de musiques électroniques y trouve son content. Travaillant à partir de sons aquatiques qu’il étire, retraite, granule, disloque,
Asmus Tietchens propose trois pièces long format et polymorphes qui, si elles sont autant de variations les unes par rapport aux autres, ne se répètent jamais : c’est que le son de l’eau permet, d’après son auteur, d’infinies possibilités de compositions concrètes.
Asmus Tietchens s’en sort donc bien en termes de plaisir d’écoute, et pourtant il reste quelque chose de manqué au fond de ce disque qui passe tout juste à côté d’une forme supérieure de ce qu’il est et à laquelle il ne se hisse pas : manqué l’effort supplémentaire grâce auquel il serait passé d’une ambient attendue et un peu scolaire à quelque chose de réellement stimulant et nouveau.
Chroniqué par
Mathias
le 02/06/2006
