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Matmos

: The Rose Has Teeth in the Mouth of a Beast



sortie : 2006
label : Matador
style : Electronica / Musique concrète

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Tracklist :
01. Roses And Teeth For Ludwig Wittgenstein
02. Steam And Sequins For Larry Levan
03. Tracts For Valerie Solanas
04. Public Sex For Boyd Mcdonald
05. Semn Song For James Bidgood
06. Snails And Lasers For Patricia Highsmth
07. Germs Burn For Darby Cr

Sans mentir, ce sixième album de Matmos sera probablement le disque le plus opaque de ce premier semestre 2006. Pas le plus inaccessible, mais le plus opaque, le plus foisonnant, le plus indéchiffrable. Peut-être un des plus passionnants, si l’on accepte les désorientations répétées auxquelles son humour soumet l’auditeur. Le duo californien poursuit toujours son exploration de la musique concrète, enregistrant toujours quantité de sons qui feront la matière du disque, les organisant à l’aide de quelque règle oulipienne, arbitraire, toujours absurde, toujours débile, toujours amusante. Ici, la difficulté est double : l’omniprésence des références mobilisées (de Wittgenstein à Louis II de Bavière en passant par la féministe Valérie Solanas), et la complexité du tissu concret qui se donne à entendre dans chaque morceau.

Bien moins électronique qu’à l’accoutumé (et même orchestral de temps à autre, on est très loin de l’électronica presque pure de A Chance to Cut is a Chance to Cure), Matmos mobilise instruments et samples acoustiques avec une ferveur certaine : ici c’est davantage la construction et le traitement du son qui est électronique, bien moins que les sons d’origine en eux-mêmes. D’où un disque un peu hybride, qui a recours à une pluralité de styles et de sonorités, de tons au cours de ces dix morceaux, de la joie guillerette et sautillante de Steam And Sequins For Larry Levan à la neutralité émotionnelle de Roses and Teeth for Ludwig Wittgenstein en passant pas les cuivres wagnériens et cinématographique de Snails And Lasers For Patricia Highsmth.

Musique conceptuelle oblige, il s’agit aussi de comprendre le propos du disque (comme si les disques de Matmos étaient autant des livres que des disques). Multipliant les figures de suicidés tragiques, comme Darby Crash du groupe punk The Germs, homosexuelles le plus souvent, le duo met en son quelques destins fulgurant et malheureux en même temps qu’il questionne sa propre homosexualité. Tristesse crépusculaire de Semn Song For James Bidgood. Le disque est autant dans le discours que dans la musique et donne cet objet étrange, à deux vitesses, deux régimes : le son, la pensée, le son pensé, la pensée sonore. D’autant que, pour corser ce qui s’avère, au fil d’écoutes en boucle, un véritable labyrinthe, Matmos se permet quelque obscénité qui tranche avec l’intellectualité érudite du disque : de son propre aveu, le binôme aurait beaucoup ri en juxtaposant bruits de pets et samples de Valérie Solanas assénant « co-managing the shitpile ». Il faut saisir l’astuce : cet album est un mille-feuille. Il faut le parcourir, le lire, le manger : le jeu en vaut largement la chandelle.


Chroniqué par Mathias
le 31/05/2006

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