Pratiquant une tribalité sans artifice ni substance frelatée,
Robin Eubanks mène sa formation électrique et funky avec son trombone et sa détermination, et se place ainsi sous le double sceau de l’ethnicité et de l’électricité, de l’urbanité.
De l’urbanité, l’ensemble de
Robin Eubanks garde un sens du chaos maîtrisé et contenu dans l’exacte limite de l’exercice de style (
Collage), un art de la dispersion homogène, de l’hétéroclite sans bazar : ballades acoustiques où s’égrènent les arpèges (
Union 2-Brotherly Love) voisinent ainsi avec expérimentations sur la texture des sons (
X-Base) et les timbres et les exercices plus génériquement marqués, comme ce
Skin’n’Bones aux rythmiques tirant sur la drum’n’bass. D’où parfois une proximité facile des genres entre eux, sans que cela soit rédhibitoire (après tout, Eubanks est l’un des premiers à l’avoir pratiquée, cette proximité).
De l’ethnicité,
Robin Eubanks conserve un goût pour les parties vocales et rythmiques incantatoires (
Matatape) ainsi qu’une dilection pour l’exotisme pointilliste, qui apporte là des instruments traditionnels (
Kimati Dinizulu manie les percussions africaines et le beranbau), qui propose ici des constructions moins occidentales mais dont l’intérêt réside dans leur capacité à s’allier à un son occidental pour définir une sorte de nouvelle ethnicité dans la ville (comme Queneau inventant l’anthropologue dans le métro).
Choisissant avant tout de se concentrer sur l’hybridation des sonorités, l’alliance de perspectives géographiques et historiques distinctes,
Robin Eubanks néglige parfois la recherche proprement mélodique et harmonique au profit d’une aisance jazz-rock et funk (les samples de cordes, les claviers, les guitares électriques me sont témoins). Choix louable, quand il est mené à bien avec vivacité comme dans ce
Mental Images.
Chroniqué par
Mathias
le 04/05/2006