Mieux qu’un coup de hache, un disque pour nous faire arrêter de qualifier le label canadien
Constellation de label post-rock, ce qu’il ne faut surtout pas faire devant eux. Enfin, avant de faire l’accord sur ce qu’est le post-rock et sur ce qui peut rentrer sous cette catégorie, jetons un œil sur ce groupe apparemment classable en « musique du monde ». Je vous préviens tout de suite, pas un murmure electro dans ce disque.
Black Ox Orkestar est connu dans les courants les plus actuels de la musique yiddish pour sa manière un peu « différente » de traiter ce courant. Avec le patrimoine unique de cette culture, il semble difficile de fondre le style de musique qui lui est propre avec les musiques actuelles.
Black Ox Orkestar, groupe canadien qui mène sa barque depuis 2002, relève ce défi avec deux albums, dont le dernier, sortie en Europe et ailleurs prévue début avril, est parrainé par Constellation.
En effet, l’écoute de cet opus de 8 titres fait osciller entre musiques slaves, orientales, occidentales, à partir de cette racine traditionnelle, de telle sorte qu’à la fin de l’album, on ne sait pas vraiment où on a été, et si vraiment on peut assigner à ce groupe une attache culturelle. C’est justement dans ce rapport novateur aux influences qu’on peut apprécier
Black Ox Orkestar comme un groupe novateur, à mettre dans un courant aussi protéiforme que le… post-rock. Le mystère de cette pluralité d’influences qui ne se choquent pas donne lieu à un disque tout à fait fascinant, dont l’écoute nous mène à travers tout le champ d’émotions et de stimulations par la musique que chaque culture a su déployer. Sur
Ikh Ken Tsvey Zayn, on en arrive même à entendre quelque chose de bluesy, alors qu’on est toujours en présence d’une clarinette, d’un violon, et des autres instruments qui font l’univers Juif. Plus que « cosmopolite », cette musique éveille un panel universel d’effets, et ce disque s’inscrit par son originalité et sa vitalité dans la digne lignée de Constellation. Il semble que le groupe ait profité du « métissage » en termes de musique dont profite le Québec, bassin d’immigration extrêmement diversifié, pour donner une ampleur admirablement ouverte à son univers musical.
On apprécie l’habile synthèse entre l’influence des traditions et la possibilité de leur dépassement, par l’ouverture à plusieurs d’entre elles et à la possibilité de leur développement mutuel, dans une seule et même entité musicale qui fait le cœur même de l’électricité créatrice, hautement tolérante, propre à l’artiste. Il s’agit ici de revisiter le cosmopolitisme, et d’en faire non un exercice de style, mais une seconde peau.
Chroniqué par
Lou
le 16/04/2006