Auteur d’un premier album remarqué en 2002,
M.=Addiction,
Oliver Doerell et
Roger DöringVertigo II où ils étoffent et approfondissent leur formule sans la modifier. Des minuscules variations pour saxophone et clarinettes de
Döring couplées aux cut-up électroniques et contemplatifs de
Doerell, le duo a gardé la définition et gonflée le tout de nouvelles sonorités, notamment des samples vocaux qui semblent provenir de cassettes usées dont on entend le bruissement. La musique de
Dictaphone était ouverte à toutes sortes de rumeurs secrètes sur leur premier album, on constate qu’elle l’est toujours – et que le nombre de ces rumeurs a même augmenté.
Combinant les notes d’un piano hanté volées à
Murcof et d’étranges grincements, la musique de
Dictaphone est plus que jamais atmosphérique, climatique :
Rising Minimal fait advenir le moins, mais aussi une certaine obscurité sonore qui perce depuis les couches inférieures de la musique. Des éclats de pop balaient pourtant rapidement cette amertume inquiétante (
Ytinav) en quelques coups de phrases chaloupées et de rayon saxophoniques. Passant du brouillard à la lumière,
Vertigo II apprend, au contraire d’un premier album plus uni et monolithique, à moduler ses effets, ses nuances. Et de fait, il nous sera plus proche et semblera moins provenir d’un ailleurs aux contours mal définis : gagnant en précision et en rigueur, la musique de
Dictaphone perd également un peu de ce qui faisait son originalité de 2002, ce désenchantement mélodique d’une musique toujours déjà en train de se défaire et de disparaître (
Le Chasseur). Des aménagements un peu maigres, donc, au cœur d’une musique séduisante qui aurait pu malgré tout faire l’effort d’un renouvellement plus complet.
Chroniqué par
Mathias
le 10/04/2006