Artiste proche de collectifs d’art conceptuel comme Art & Language, ami de Joseph Kosuth, musicien à la production proprement terrassante en termes de quantité (un disque par mois au moins pour 2005),
Jarrod Fowler publie des disques comme on remplit des carnets de notes, des disques qui sont autant de notations théoriques sur les problèmes musicaux les plus abstraits.
Obéissant à une logique rigoureusement abstraite et sérialiste, voici l’état des recherches de Fowler sur le rythme.
Translation as Rhythm se propose de traduire un ensemble de perceptions sonores, de signaux, de textes (le
Tractatus Logico-Philosophicus de Wittgenstein y passe) en perceptions rythmiques. Ce peut-être sous forme de structures périodiques ou apériodiques réduites à un simple battement périodique ou pas, donc, sous forme de voix retraitées, des listes de chiffres égrenés, des drones ou des field recordings, ou des sons de synthèses écoulés à doses homéopathiques et spartiates. Dans sa rigueur et son économie extrêmes,
Jarrod Fowler s’oriente vers une raréfaction sonore et théorique qui rend cette œuvre particulièrement difficile : à la manière du livre de Wittgenstein cité plus haut.
Travail théorique oblige, mieux vaut fréquenter assidûment le livret et ses textes pour entrer dans cette chapelle abstraite et conceptuelle qui s’occupe davantage de pratique musicale que de musique, dans une perspective qu’on trouvera soit extrêmement sérieuse et intelligente, soit (un peu) auto-tripoteuse. Le premier qui fait une blague sur l’art conceptuel a perdu.
Chroniqué par
Mathias
le 28/03/2006
