L’anglais
Lee Noris est un producteur bicéphale, estimé plus que reconnu pour son projet IDM
Metamatics, et également responsable, sous le nom de
Norken, d’albums deep techno dans la plus pure tradition de Detroit (dont le très classique et très classe
Soul Static Bureau).
C’est sous cette dernière identité qu’il nous revient en cette fin d’année 2005 avec un album plus personnel que ses sorties précédentes. Un album bercé d’une douce mélancolie, comme une nostalgie sans regrets. Un album habité, au fort pouvoir évocateur, qui nous entraîne dans un univers immersif et rassurant dont l’attrait, immédiat, ne fait qu’augmenter avec le nombre des écoutes.
Sans souci des chapelles,
Norken mélange cette fois-ci les styles, et passe d’une techno douce et contemplative à une electronica mélodieuse de la plus belle facture, sans qu’on s’en rende compte. C’est qu’il préfère la suggestion à l’esbroufe, et délaisse les corollaires de deux genres abordés (la volonté d’efficacité dancefloor et l’obsession de l’expérimentation pour l’expérimentation) pour se concentrer sur les points où ils se rejoignent, la beauté des textures et l’émotion suscitée par les mélodies. Il tisse ainsi des liens insoupçonnés et évite le piège de l’album d’exercices de style.
L’aspect le plus marquant de cet album, c’est la sérénité qui s’en dégage. Synthés éthérés, tempos lents, ambiances cotonneuses, bribes de voix, basses fantômes, entrechoquements de sons surgis de nulle part et noyés sous la reverb, nappes magistrales et solennelles, mélodies poignantes : les souvenirs d’hivers de
Norken sont tout sauf glacés, et évoquent tour à tour la pureté de cimes enneigées tutoyant le ciel et le réconfort d’une boisson chaude dégustée en regardant tomber la neige, à l’abri derrière une vitre.
Le résultat n’est pas forcément très innovant mais qu’importe, c’est l’œuvre d’un artiste honnête, talentueux et d’une grande sensibilité mélodique. Un disque atypique qui sonne comme un classique, un disque très intime tant il parle à l’âme de l’auditeur et qu’on a pourtant envie de partager et de faire connaître autour de soit.
Chroniqué par
Pek
le 05/01/2006