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Philip Samartzis

: Soft and Loud



sortie : 2005
label : Plates of Sound
style : Musique électro-acoustiques / field recordings

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Tracklist :
Face A

01/ Untitled
02/ Untitled
03/ Untitled

FaceB

04/ Untitled
05/ Untitled
06/ Untitled

Initialement conçu pour un dispositif sonore immersif à huit canaux, Soft and Loud est une composition regroupant des field recordings captés entre 1999 et 2003 au Japon et en Australie. Principalement axé sur l’étrangeté du son, sur sa capacité à désorienter le voyageur, fondé sur une expérience avant tout empirique et intérieure (celui qui voyage est moins désorienté par le jetlag que par les sons), cette composition, carnet de notes sonores, journal de bord en bruit à la manière des diaristes du cinéma underground, entre de plain-pied dans un espace global qu’elle transmet à l’auditeur tout en la divisant infiniment. L’espace global, c’est-à-dire chacune des villes explorées telles qu’elles tendent à la globalisation : Samartzis ayant à cœur de rendre compte de l’ubiquité galopante qui s’installe partout, disponibilité permanente et globale des marchandises, fusions de toutes les cultures en une seule, naissance d’un univers urbain autant réel que virtuel, actuel que possible, grande cité de verre totale qui concentre tout ce qu’il y à voir, à sentir, à entendre, à éprouver.

Approche à la fois très personnelle, intime, mais très abstraite et rigoureuse si l’on considère les options théoriques de Philip Samartzis, exposées dans les notes de pochette : le compositeur définit sa pratique, de manière assez traditionnelle – ou plutôt, en faisant complètement allégeance à la définition générique du field recording, ce qui n’est pas un manque d’originalité mais plutôt le signe d’une volonté de retour aux racines les plus pures de cette pratique – comme la captation démultipliée d’un espace via les sons qui l’habitent, afin d’en produire un document aussi fidèle que possible. L’homme au micro est définitivement un arpenteur. To document : c’est toujours le maître mot du compositeur. Et Samartzis de déployer avec une précision algébrique toutes les techniques de documentation possibles, en centrant son travail sur une double approche, à la fois générale et ponctuelle : d’une part capter un paysage sonore globale, qui dessinera une structure, une charpente avec, à l’intérieur, les énergies qui la parcourent, d’autre part capter aussi fidèlement, aussi précisément que possible les événements ponctuels qui définissent ce paysage, et dont le nombre tend à l’infini. Travail de Sisyphe vers l’infiniment grand – tout capter – et l’infiniment petit à la fois – capter le plus infime. On entendra donc, dans cette composition, la bande-son feutrée du Japon et de l’Australie contemporains : cloches de temples, station de métro, rumeurs d’un marché ou voix des marchands, espaces urbain indéfinis, inserts concrets – portes qui grincent (un classique depuis Pierre Henry), bruits de pas, frottements divers – mélodies volées de flûtes, de trompettes, et fragments lourdement retraités de manière à installer, dans la trame sonore, des espaces-bulles plus chatoyants, confortables et harmonieux. Chacun des espaces est ainsi documenté par fragments, mais tous prennent place dans un même flux sonore qui en abolit les discriminations, les signes de reconnaissance, qui opère une sélection ainsi que des rapprochements inattendus – chants d’oiseaux après une phrase de trompette, guitare retraitée après les passage d’une rame de métro.

La composition s’écarte ainsi peu à peu du document pour se diriger vers un non-lieu constitué de tous les lieux. Un lieu global, en quelque sorte, comme si Samartzis avait voulu ne faire de tous ses voyages qu’un seul, sorte d’Odyssée sonore dérivant au gré des vents. Assurément un beau travail, en prise évidente avec le monde auquel il appartient.


Chroniqué par Mathias
le 05/01/2006

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