C’est à la toute fin des années 1960, que l’anthropologue émérite
Zusaan Kali Fasteau décida de pratiquer un free jazz particulier, nomade et donc enrichi souvent. Enrichi encore, en 1998 et 1999, quand la multi instrumentiste donne 3 concerts aux Etats-Unis et au Canada, en compagnie –
Joe McPhee excepté – de la jeune garde du jazz moderne.
Mis en avant, les saxophones : les sopranos de
Fasteau et
McPhee, l’alto de
Sabir Mateen, ne cessent d’entamer des courses jubilatoires (
Red), tissent quelques entrelacs (
Tangerine), ou élaborent un free au-dessus de tout soupçon sur la section rythmique de
William Parker,
Hamid Drake et
Ron McBee (
Magenta).
Et l’expression libre explorée sérieusement de mener à plusieurs autres propositions : quête d’un apaisement revigorant (
Chartreuse,
Sea Green), blues chargé d’appréhension (
Heliotrope), ou incursions en terres orientales mais pas étrangères :
Sun Yellow ou
Turquoise, sur laquelle la voix de
Fasteau poursuit sans cesse la note de son autre instrument.
Car le jazz mis ici en pratique réserve une place de choix aux voix : celle de
Fasteau, donc, qu’elle peut retoucher sur l’instant (
Red) ou dont elle évalue la capacité à atteindre les hauteurs (
Magenta), mais aussi celle de
Drake, rassurée, sur
Tamil Blue, par les percussions de
McBee, qui avait mené juste avant une incursion chantée en Afrique désertique (
Sienna).
Histoire, peut-être, de nuancer un peu la part belle faite, sur
Vivid, aux instruments à vent. Préférence qui aurait été impossible à rendre sans la délicatesse de qui n’en étaient pas pourvus : la sensibilité de
Parker, l’autorité pleine de retenue de
Drake, ou les imprécations feutrées de
McBee, nimbant tous trois les interventions irréprochables de
Mateen,
McPhee et
Fasteau.
Chroniqué par
Grisli
le 24/11/2005