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Jérôme Minière

: Chez Herri Kopter



sortie : 2005
label : Olympic Disk
style : Electro-pop consumériste

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Tracklist :
01/ Ceci est un avertissement
02/ Mon truc à moi
03/ If you don't buy you die
04/ Italien sous hypnose
05/ Complainte d'un produit de l'imagination
06/ Un magasin qui n'existe pas
07/ Mes amis sont les meilleurs produits dans leur catégorie
08/ Le

Le projet Herri Kopter a débuté en 2001. A l’origine, l’histoire à dormir debout du peuple laankais réfugié dans les galeries marchandes souterraines de Montréal après la fonte de leur île située près du Pôle Nord. Par la suite, comme de coutume dans nos sociétés modernes, les réfugiés laankais sont expulsés, condamnés à se trouver un nouveau chez-eux. De cette recherche découlera la nouvelle orientation de leur leader Herri, être de son époque, être homme d’affaires! Ainsi naît la compagnie HERRI KOPTER, misant sur l’imagination – "le pétrole de demain" – et la dématérialisation de l’économie. Un supermarché gratuit, régi pourtant par les préceptes habituels du monde magique de la consommation. La jeune entreprise mandate ensuite le chanteur Jérôme Minière pour la réalisation d’un album pour lequel il aura carte blanche, si ce n’est la contrainte de traiter de l’économie de marché. Fable décalée érigée comme officielle jusque dans le livret qui l'accompagne, Chez Herri Kopter s'apparente à un concept-album tout à fait maîtrisé.

Dès la piste introductive, un avertissement prévient l’auditeur : "la supervision des parents est recommandée, marketing explicite". La suite consiste en un album poético-politique, s’abreuvant aux diverses sources des musiques électroniques. L’économie de marché est bien présente, aussi bien dans le titre des chansons que dans certains slogans transformés en refrains entêtants ("If you don’t buy you die"). Un détournement aigre-doux du vocabulaire et de la grammaire consumériste, qui évite subtilement les poncifs alter-mondialistes par son approche décalée. Entre dérives poétiques et ironies économiques, quelques mots bien arrangés valent plus que d’interminables discours ("On achète un objet qui nous reflète pour être rassuré sur notre identité. Et bien souvent dès le lendemain cet objet on le rejette, il n’était qu’un gadget, trop vite consommé, trop vite consumé." Le miroir aux alouettes). "De longs poèmes écrits par des banquiers" comme le suggère le très beau Mes amis sont les meilleurs produits dans leur catégorie.

Au niveau musical, l’univers de Jérôme Minière a bien évolué depuis ses premiers balbutiements minimalistes (Monde pour n’importe qui) et électroniques (La nuit éclaire le jour qui suit). Entre electro-pop dansante lorgnant vers les eighties (Complainte d’un produit de l’imagination, Une nouvelle vie) et electronica-acoustique à la mélancolie légère (Italien sous hypnose, Uns et zéros), les compositions de Minière façonnent un monde étrange et unique, constamment sur le fil entre pop et chansonnette. Là ou d’autres optent pour un kitsch revendiqué, Jérôme Minière choisit de faire cohabiter synthés vintages et guitares subtiles, refusant les frontières tacites du bon goût. Quant à sa voix, elle conserve encore ce flow décalé et fragile, passant de l’accélération de l’inventaire à la sérénité retrouvée de certains refrains. Mais le plus souvent, Minière s’efface pour laisser la place à ses nombreux invités vocaux, connus ou moins : Lhasa pour une prestation toute en retenue (Un magasin qui n’existe pas), Jerry Snell et Li Chun Ho pour un numéro habité de narration ralentie (Writer for sale), Umberto et ses préceptes monocordes (Italien sous hypnose), ou encore le revenant J. Christ, bien à l’abri aux USA d’où il observe son royaume (Une nouvelle vie). A côté de ces featurings divers, une place logique est dévolue encore aux voix-off et autres bandes-enregistrées, génératrice de l’univers magasinier, jusqu’à l’employé anonyme (Du bon travail) et la bande chiffrée d’un check-up personnel (Les chiffres du jour).

Cartographie des désirs et des déprimes de nos sociétés actuelles, Chez Herri Kopter s’offre comme un voyage entre la mélancolie ordinaire et l’ironie légère, sublimé encore par la distance étrange qui semble présider aux discours robotisés ou engagés. Une radiographie pince-sans-rire de nos vies moyennes en décalage, où Jérôme Minière ne s’érige jamais en donneur de leçon ni en cynique désincarné, postures dominantes de l’engagement moderne. Tout en subtilité, Chez Herri Kopter s’impose comme un mode d’emploi alternatif aux choses ordinaires, à consommer (bien sûr!) sans modération.

Chroniqué par Christophe
le 21/10/2005

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