Tombé un jour sur un vieux manifeste consacré aux façons de fabriquer au mieux une émission radiophonique,
Tim Steiner ne s’en est jamais remis. Historien reconnu du domaine, il s’amuse de temps à autre à imaginer, selon les règles du manifeste en question, quelques compilations sophistiquées de thèmes rares ou décalés - oubliés ou écrits pour l’occasion.
Dernière émanation en date des aspirations créatrices de Steiner,
Big Ears – Fitzgerald’s Manifesto est une compilation fouillée, décalée ou surprenante. Là, se mêlent savamment les élucubrations polyglottes de
Ben (
Some Ideas For Fluxus) et le fox-trot fait exemple de
The Beau Hunks (
Smile When The Raindrop Falls), un échantillon de rires mis en boîtes au début du 20ème siècle par la firme Parlophone et une rengaine d’
Henry Champion tout droit sortie de la Plouc Amérique de Steinbeck (
A Little Bit Of Cucumber).
Une fois échappé des parenthèses amusantes,
Tim Steiner fait œuvres de quelques expérimentations minimales : collages personnels de voix de poètes choisis (Marinetti, Apollinaire, Artaud) et d'artistes (Schwitters, Duchamp) sur
The Pretentious MysteryVoice, ou déconstruction / reconstruction d’un accompagnement de guitare rendu sur différents tons (
The Inkspot).
Accueillant deux enregistrements d’
Otomo Yoshihide aussi différents qu’inventifs (bidouillages électroniques violents sur
0A-21, swing gonflé à la variété sur
Playgirl), la compilation s’amuse des différentes manières d’établir des contrastes. A l’intérieur même des morceaux, lorsque
Manuel Rocha Iturbide fredonne mollement par-dessus un disque jouant
Chofer Indú, ou quand « The Duel Pan » propose
Nocturne en Si mineur de
Chopin, à gauche, et une programmation aliénante de parasites électroniques, à droite (
Nocturne in B Minor / Le Corpsbis).
Contraste encore, le phrasé ravissant des
Mils Brothers (
Caravan) côtoie les chorales d’enfants d’une autre époque - qu’elles entament un air de bienvenue (
Welkommen) ou rendent un hommage appris par cœur au camarade Staline (
Song About Stalin). Soit, un bouillon de culture surréaliste, activiste et un rien élitiste,
Big Ears – Fitzgerald’s Manifesto est un loisir tout aussi récréatif que savamment conceptualisé.
Chroniqué par
Grisli
le 15/09/2005
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(2005)
Sonar Music
Electro-house / Downtempo / Pop / Soul |
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