Après des albums en demi-teinte sous ses pseudos
Kerrier District (Rephlex) et
Wagon Christ (
Ninja Tune),
Luke Vibert retrouve l'inspiration avec
Lover's Acid sur
Planet-Mu. Moins strictly acid que son projet
YosepH pour
Warp ou que la série
Analord de son camarade
Aphex Twin, ce nouvel album réunit en fait trois maxis qui sont l'occasion d'autant de variations avec cette fidèle TB-303. Le mérite du producteur est de l'utiliser ici dans l'authentique esprit acid, celui du détournement ludique, de la spontanéité, du pur plaisir primitif de tourner les boutons et de distordre les fréquences, et de les mélanger comme un instrument leader, à différentes sauces.
L'élastique
Funky Acid Stuff fait office de manifeste : beat funky, jeu avec la gamme et les timbres, et une franche rupture à la troisième minute qui semble avertir : le plaisir ne cèdera pas (trop) à la linéarité. Lubrique avec sa machine, ingénieux comme on le connaît avec les samples en background qui gardent un côté très 90's et Ninja Tune des débuts, Luke évite l'ennui en plaçant tout simplement les bonnes idées, et les bons sons, au bon endroit. C'est un peu l'ami indéfectible du fun et du groove façon weed-sofa : il a toujours dans un coin du sampleur une chouette flûte trouvée sur un obscur disque 60's, pour un chill-out à la
Musipal, en témoignent les exceptions
Gwithian et
Prick Tat, pas plus acides qu'une grenadine mais paradoxalement aussi fraîches (aaah ces samples joyeusement secoués dans une bonne vieille production dubby fumigène).
Même quand le producteur se restreint quasiment au couple TB - TR, c'est pour nous composer une cavalcade de cartoon jouissive, façon pois sauteurs ou crispy bacon (
Analord,
Dirty Fucker).
Luke Vibert joue avec talent de nos penchants old school avec la combinaison magique riff de piano housey + rap de
Last night a DJ saved my life de
Indeep (
Acid 2000), le clin d'oeil UK rave de
Come on chaos ou encore la voix féminine de
Flyover, étrange et émouvante. Et quand il donne définitivement dans des tempi plus avachis (
Lover's Acid), nappes sensibles pour deepness oublieuse à l'appui (
Orch Garage), on s'y abandonne pour mieux savourer des deux oreilles.
Merci à Nil pour ses suggestions.
Chroniqué par
Guillaume
le 17/07/2005