Saisonnalité oblige, les productions hardcore sont de sortie cet été. Audiogenic met ainsi le paquet en réunissant
Lenny Dee et
Radium dans l’album bicéphale
Noise brulée. Quand bien même la renommée de ces artistes soit incontestable, le visuel de la pochette de l’album annonce tout de suite la couleur. Pour les personnes prêtes à se faire électrocuter le cerveau par des câbles sonores, c’est par ici. Les classiques du genre hardcore sont évidemment réunis : basses lourdes et noisy, samples de voix scandant des phrases assassines.
Lenny Dee et
Radium nous ouvrent les portes de leur asile. Au départ, le voyage vers les ondes cosmiques semble attrayant. Le
Master of the universe nous accueille à bras ouvert vers des contrées électroniques assez dancefloor, suffisamment entraînantes pour déclencher directement le hochement de tête propre au hardcore.
Cycloped psychédilise sans peine nos synapses par des vrilles acides et des basses énergiques. Pour l’instant, on apprécie aisément les branchements et raccordements électriques qu’effectuent les deux DJ sur nos neurones. La montée en pression se fait ressentir dès
Undisputed truth. Entre soupirs stridents de monstres cybernétiques et martèlements électroniques, les basses s’introduisent dans nos artères, pour distiller leur énergie.
Headbanger boogie,
Shooter et
Voices sont certainement les tracks les plus dancefloor de l’album. On notera des basses moyennement rapides, mais parfaitement mises en relief par des boucles grésillantes et des samples de phrases incitant au jump.
Quelques pauses sont offertes, avec notamment
This is your brain ou
Noise brûlée, interlude sonore où l’on pourra distinguer la plainte d’un cerbère métallique ou profiter d’un zapping de samples tout droit issus de la real TV américaine. Les anomalies électroniques, et charleys incisifs de
Syphillis spread sont splendides, les beats tonitruants ultrabreakés de
Voices, où les Dj convient
DJ Hellfish, sont grisants. Un peu de drum&bass et breakbeat indus passent une tête rapidement dans
Ghost audio en fin d’album. Mais c’est peu face aux basses qui reviennent progressivement dans
Who’s next ?… à croire qu’elles poursuivent l’auditeur. L’ambiance disco garage du sample introductif de ce morceau est en total décalage avec ce qui va suivre. Après cette légère accalmie donc, l’heure de l’électrocution cérébrale a de nouveau sonné. Hurlements vocodés de machines rouillées, vrilles sifflantes sur un plateau de basses frénétiques, tout un programme. Allongés sur notre bloc opératoire, on peut y entendre des samples de voix de femmes (d’infirmières ?), avec en toile de fond les commentaires off d’hommes (nos DJ tortionnaires ?). Bref, on cherche à nous réanimer.
De cette expérience interdite, on retiendra l’harmonie des samples, l’originalité par ses clins d’œil à la musique punk, au breakbeat, à la drum&bass, et la puissance par des basses savamment orchestrées. L’identité musicale propre à chaque artiste est décelable, tout en se mariant diaboliquement.
Noise Brulée ou la rencontre réussie entre deux géants du hardcore.
Chroniqué par
Lilo
le 02/07/2005