Trio frondeur sévissant depuis la fin des années 1990,
Toot réunit le Britannique
Phil Minton et les Allemands
Thomas Lehn et
Axel Dörner autour de l’élaboration de collages musicaux hystériques. Refusant toute logique,
One présente quatre extraits de trois récentes performances en public.
Eléments épars plantés là pourquoi ? Question inabordable dans le cas de
Toot. L’intérêt est ailleurs, qui réside dans la manière d’aborder les inspirations, de les taire ou de les imposer. Ainsi, sur les quasi ultrasons du synthétiseur de
Lehn, le trompettiste
Dörner met en pratique une hydraulique sonore qui emportera tout (
01). Les expériences vocales de
Minton, soumises à des référents visuels, évoquent, tour à tour, les onomatopées de personnages de Plympton, les bruitages de jeux vidéos inédits, ou les cris d’angoisse d’un homme civilisé qui déchante.
Régissant l’ordre des choses sur
02 et
03, les invocations insolentes et désespérées mettent à mal la fantaisie des simples collages bruitistes. Là, on imbrique des volumes, convulsivement, le rouge aux joues, jusqu’à ce que l’ensemble tienne de lui-même. Les voix organiques et les appels internes cherchent à s’acclimater en milieu hostile, univers de Tron exposé sous cloche.
L’oubli d’un entretien possible et le refus de théories à aborder n’empêche pas
Toot de calquer ses intentions sur d’autres utopies. L’
Ursonate de
Kurt Schwitters, par exemple, qui accueille bientôt des oiseaux perchés sur un éboulis de matières sonores rugueuses (
04). L’audace est belle, qui abandonne les formes et les significations, accepte l’incompréhension inévitable que l’on se verra opposer. L’intention est menée à bien, qui propose une alternative que l’on sait, dès le départ, irrecevable.
Chroniqué par
Grisli
le 30/05/2005