Jaga Jazzist s’est rebaptisé
Jaga, le temps d’un album, le temps d’un détour vers des rivages post-rock. Laissant derrière lui les déconstructions electronica de ses deux derniers opus, le double quintet ne renie pas pour autant ses influences jazz. Mais cette fois-ci, les échantillonneurs et les boîtes à rythmes sont remplacés par deux batteries, auxquelles viennent se greffer trompette, vibraphone, tuba, trombone, clarinettes, Fender Rhodes, basse, mais également plusieurs guitares.
Le talent des Jaga est d’orchestrer le tout pour nous fournir une musique chargée et limpide à la fois, comme portée par une brise venue des pays nordiques. Cette métaphore peut prêter à sourire, surtout lorsque le groupe raconte avoir enregistré l‘album au milieu d’une forêt norvégienne, et pourtant, elle devient très explicite à l’écoute de chaque morceau dont le titre ne dément pas ce ressenti :
Oslo skyline,
Swedenborgske Rom…
L’album s’ouvre sur le très beau
All i Kown is tonight, qui d’entrée indique la tonalité, entre
Do Make say Think ,
Mogwai et
Nils Peter Molvaer. Comme dans beaucoup de morceaux post-rock, l’intensité musicale et le nombre d’instruments suivent des phases de crescendo et de decrescendo. Jaga se concentre alors sur la succession de couches sonores, l’évolution des rythmes et une instrumentation minutieuse et inventive, sans jamais en faire de trop. Sur la plupart des morceaux, les cuivres prennent vie et forment un chant contemplatif, rythmé par les batteries et les guitares unies dans le même effort. Pour
Stardust Hotel ce sont les nappes de Fender Rhodes qui emplissent l’espace sonore, rappelant le premier album de
M83.
Grâce à son xylophone et ses percussions lointaines,
I have a ghost new what? est le titre le plus rythmé de l’album. S’accélérant éperdument pendant ses 8 minutes, il emporte l’auditeur vers une fin d’album jazz electronica très brève, mais signe que de Jaga à Jaga Jazzist il n’y a qu’un pas.
Avec
What we must/,
Jaga Jazzist offre une nouvelle direction à leur musique et au label
Ninja tune. Les adeptes de
Constellation,
Jazzland ou
Leaf Records devraient y jeter une oreille…
Chroniqué par
Antoine
le 24/05/2005