“Désuet” — j’ai toujours aimé ce mot. Question de sonorité peut-être, de signification aussi, forcément, puisqu’il est vrai que les choses ne tombent pas toujours en désuétude : certaines, récentes, ont d’emblée un charme désuet qui les rend paradoxalement actuelles.
Lay Your Soul Bare de
The Patriotic Sunday jouit de ce charme désuet que portent avec eux de rares disques anachroniques.
Je m’explique. Nous vivons une époque où toute musique qui n’est pas touchée de près ou de loin par l’électronique court le risque de passer pour ringarde. Une époque où les artistes électro deviennent eux-mêmes ringards à une vitesse proche de celle du son. Une époque où l’art contemporain est tout entier, semble-t-il, dans l’hybridation, le métissage. Dans de telles conditions un album qui ne doit quasiment rien à la musique de ces vingt-cinq dernières années devrait apparaître comme un défi à tout auditeur normalement informé.
Ce défi
The Patriotic Sunday le relève avec talent :
Lay Your Soul Bare fait entendre onze chansons abouties, justes, d’une beauté (n’ayez pas peur des mots) qui ignore superbement la bêtise à laquelle certains ex-mannequins français semblaient avoir condamné la simplicité d’un chant qui s’accompagne essentiellement d’une guitare acoustique. Onze chansons teintées de jazz-bossa-nova (
Esta Can Sandads de Voce), de country (
Ballads of The First of July) et de pop (
Violeta). Onze chansons qui parlent à l’âme sans que l’on sache si celle-ci se distingue réellement (on en jugera par la pochette de l’album) du corps. Onze vraies chansons, tout simplement.
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 23/03/2005
