Compositeur ayant autant investi le champ de la musique contemporaine que celui de la musique électronique,
Michael J. Schumacher nous offre à écouter, dans
Stories, quatre pièces de son domaine de prédilection : l’art sonore. Depuis 1996, chacune de ses installations new-yorkaises sert la haute couture de la haute fidélité, toujours impeccable.
Stories, dont le postulat de départ est la superposition de sons de provenances diverses, ne déroge pas à la règle.
Still, d’abord, où au matériau sonore de départ,
Schumacher ajoute progressivement des couches de nappes répétitives programmées, de chants d’oiseaux, ou de musique concrète assimilée. Traversée de temps à autre par de courtes et violentes plaintes de violoncelle ou de violon, l’ambient sombre ici créée, si elle anime des angoisses sous-marines, en arrive d’autant mieux à toucher profondément qui l’écoute.
Pièce électronique lorgnant du côté de la musique contemporaine,
Two, Three and Four Part Inventions est l’histoire d’une lutte. Celle que se livrent, à coups de déclamations éclairs, bois et cuivres, percussions et voix. Les instruments rappellent
Berio, les vocalises les chants inuits. Parmi eux, un orgue seul refuse le jeu court, et rejoue quelques notes pour en faire sa complainte.
L’installation suivante,
Room Pieces New York, persiste, et signe le portrait d’un
Schumacher hanté par l’eau et les voix. L’atmosphère sombre, qu’aggrave encore l’incapacité des nappes musicales et des voix à interagir, se déploie à une allure différente, et doit son salut aux bulles d’air que créent les interventions d’une guitare électrique et de percussions rassurantes.
Sur plus d’une trentaine de minutes, court
Untitled. Là encore, une opposition : celle d’un piano classique et d’un copié collé d’un enregistrement de
Caetano Veloso, récitant un poème de Campos (Días). S’y succèdent un piano au jeu atmosphérique, proche de celui de
Nyman, et la voix du Brésilien, sur fond bruitiste - d’origine - de guitare électrique saturée. Morceau subtil et décalé, intelligent et sensible,
Untitled est sans doute l’archétype de la musique que
Schumacher défend avec brio dans
Stories, celle, unique et manifeste, d’une ambiant en lutte.
Chroniqué par
Grisli
le 27/11/2004