"All you have to do is lie, get in corporate America, make money and start a record label". Retour en 1998, lorsque
Sole partage un appartement de Minneapolis avec
Slug,
Jel,
Dose One,
DJ Abilities,
Alias et
Ant, réunis par un relatif hasard le temps d’un week-end qui marquera les débuts d’
Anticon. L’ambition est pourtant toute relative : enregistrer en trois jours quelques titres, sans avoir la certitude de pouvoir les sortir le lendemain. L’essence même de la création en quelque sorte.
Forcément, le résultat s’avère bancal et hésitant, aux limites même de la spontanéité avec les textes dénués de rimes du fantasque
Dose One et les couplets grandiloquents de
Sole et
Alias. La magie opère donc instantanément autour des productions mélancoliques de
Jel, qui parvient sans le moindre mal à transmettre son inspiration aux six autres protagonistes. Niveau production,
Ant et
DJ Abilities se mettent rapidement au diapason avec les samples vocaux intrigants de
Thought vs Action et surtout les cordes langoureuses de
The Scarecrow Speaks. La palme revient cependant à
Jel, qui marque ce disque au fer rouge avec l’incroyable
June 26th, suite de patterns rangeant les classiques de
Geoff Barrow au placard et entraînant un déluge lyrical de toute beauté.
"Fortune, health, knowledge, success, women, men, trust, progress", les doutes et les angoisses des quatre MC se succèdent au fil des couplets pour se rassembler dans cette longue énumération faisant office de refrain, avant de s’estomper sur ce "What is the meaning of life ?" si polémique. Les critiques ont alors fusé : rap inconscient, onanisme cérébral ou questionnements existentiels puérils ? Mon avis penche plutôt pour l’exercice de style, relevé avec brio par
Dose One et
Slug, largement au-dessus de la mêlée grâce à un flow et une plume justement débridés. La qualité est constante, l’expérience jugée suffisamment concluante pour être reconduite une année plus tard et présentée au public sous la forme d’un disque unique,
The Taste of Rain... Why Kneel.
Véritable conte de fée pour backpackers, cet unique album des
Deep Puddle Dynamics est avant tout une étape indispensable pour quiconque désire comprendre les bases artistiques de
Themselves,
Sole ou encore
Alias. Mais au-delà de cette simple curiosité, ce disque réunit pour une occasion unique sept artistes d’exception, probablement incapables de réaliser à quel point leur musique serait appréciée autour du globe. Car, croyez-moi sur parole, elle le mérite amplement.
Chroniqué par
David Lamon
le 28/09/2004