Björk à travers
Medùlla nous parle d'une "moelle" : faite de sang, de muscle et d'un peu de terre, quelque chose qui nous ramène à notre propre intérieur. Pour ceci, elle nous offre un album totalement mis à nu, où seule la voix règne (hormis quelques percu's et basses électro minimalistes).
Cette expérimentation de tout ce que peut nous offrir la voix peut troubler les passionnés de cette petite elfe des glaces et entraîner une perte de repères. Certains parlerons de manque d'accompagnements, de platitude, d'autres d'audace voire même de courage pour se restreindre de tant de sonorités à sa portée, mais dans toute cette polémique autour de son dernier bébé, on ne peut pas nier sa créativité.
A la première écoute, l'album parait en disharmonie... Tout se mélange... Mais si l'on creuse plus loin dans cette moelle, on y découvre quelques trésors tels que
Pleasure Is All Mine dans lequel on se retrouve dans une sorte de cocon intimiste et énigmatique bercé par un accompagnement de voix : comme des choeurs islandais, Tagaq et
Mike Patton ainsi que par les beats de Rahzel, du groupe
The Roots, le tout soulignant une voix "björkienne" presque fantomatique.
Vokuro, chanson moelleuse à l'écoute, est une petite berceuse à l'atmosphère glaciale écrite par un compositeur islandais dans laquelle on y retrouve l'univers onirique de
Björk (on ne sera donc pas étonné de savoir que ce titre devait à l'origine s'inscrire sur son album hivernal
Vespertine), d'autres titres à l'ambiance aussi moelleuse comme
Sonnets / Unrealities XI paré d'une petite nappe de beat électroniques sur laquelle se pose le magnifique chant timide de
Björk.
Celle-ci nous offre dans
Oceania un petit séjour aquatique où l'on devient une méduse dansant dans un océan rythmé par les beats de Shlomo. Un univers aquatique également présent dans
Submarine, avec le jeu de voix impressionant de
Mike Patton qui nous apporte des sonorités venues du fin fond des gorges de l'océan.
Where Is the Line reste le titre le plus surprenant de l'album, il nous prouve bien à quel point l'organe que
Björk mis en avant dans cet album est capable de sortir des sonorités à l'aspect aussi synthétique et de produire une pareille musicalité. Dans ce titre, des voix saccadées, des souffles, presque des râles : les cordes vocales se déchaînent avec l'appui des chants lyriques du choeur islandais à la fois doux et agressif pour 4 minutes 43 d'agitation intensive.
Ne vous laissez pas impressionner par la première écoute de cet album, certes il est différent de tout ce qu'a pu composer
Björk, mais cet opus plutôt conceptuel saura, après quelques écoutes attentives, vous prouver sa magnificience à travers une petite palette de titres assez surprenants.
Chroniqué par
TiNemFou
le 07/09/2004