Adaadat : soit le mot norvégien pour désigner les « sacrifices humains au diable » : tout un programme... auquel
Utabi Hirokawa participe pleinement à coups de compositions énigmatiques, de structures éclatées et de second degré salutaire.
Fort d’un premier album (
Chiped Plastic) sorti chez Kamashimo, le nippon remet une couche, s’attaquant de front au classicisme pesant des productions habituelles, suivant ainsi le chemin tracé par son compagnon de label
Jason Forrest aka
Donna Summer (certainement LA révélation des Transmusicales 2003), autre trublion survolté d’une électronique bâtarde et énergisante.
8 bit, breakbeat, drill’n’bass, idm … les courants les plus novateurs et percutants de la musique électronique se télescopent ici avec en toile de fond des mélodies tour à tour naïves et kitsch, obsessionnelles et raffinées,
Hirokawa n’hésitant pas à faire le grand écart entre les styles, piochant joyeusement et sans vergogne dans le répertoire classique japonais ou s’immisçant dans une pop totalement revisitée.
Fortement marqué par les 80’s et les sons des premiers PC,
Utabi parvient à conférer à sa musique une aura particulière où résonne en écho et dans un même élan second degré et complexité, gage d’une somme de connaissance musicale assimilée à merveille. Le japonais se fait et nous fait plaisir en cédant plutôt aux sirènes d’un dancefloor déluré qu’aux sombres et obscures productions qui pullulent dans cet univers mécanique.
Adepte de collages improbables, de cuts impossibles, de digressions étourdissantes et de mélodies réussies,
Manchurian Candy réussit le pari de satisfaire à la fois les aficionados de « musique cérébrale » et les drogués du « dancefloor atypique », soit de l’idm dans toute sa splendeur, avec ce qu’il faut de vintage et de modernité pour conférer à cet opus un goût sucré-salé imparable.
Une bonne grosse claque bienfaitrice qui réveille les neurones et stimule les hormones … Il n’y a pas de mal à se faire du bien.
Chroniqué par
Oropher
le 06/09/2004