Ra était jusqu'alors plus connu pour son fascinant univers graphique que pour ses trop rares excursions discographiques... Gageons pour un rééquilibrage avec ce
Raoul loves you, album impressionnant à en rendre indécent le talent polymorphe de l'artiste parisien. Il est difficile de modérer son enthousiasme, quand l'artiste utilise des échantillons dignes du meilleurs abstract hip-hop pour mieux les bizuter, s'offre quelques saturations noisy, des scratchs sans faille et des beats impeccables, dans une combinaison homogène et toujours juste, à même de faire vibrer le lecteur d'Infratunes.
Premier exemple dès l'intro ; entre larsens, saturations et autres distorsions, ça défourage clairement. Une fois les ouailles débarrassées de leur cérumen en 2.36,
Ev Panic débute. On devine bientôt l'impensable vérité : lost control, nous voilà sujets d'un orgasme electro-cuté, et
Human saw tool, exploration à la sonde microphonique de la vie secrète du hardware informatique, n'est que le commencement d'un périple halluciné.
L'horizon s'élargit ; l'aventure prend du relief : ici,
The Dentist, exercice ludique et réussi de réorchestration syllabique, permet à
Ra de dégainer quelques samples avec une pertinence confondante ; plus loin
Petit Gilet offre un détournement jouissif ("Qu'est-ce que ta mère va dire ?"!) dans un climat plus mental... Ailleurs, des morceaux "out of nowhere", atypiques et plus ambitieux : la plage
Bad birds (beat hip-hop, orgue, cris d'oiseaux... font un excellent morceau, le croirez-vous ?), premier avertissement, ensuite vérifié par
Fée (
Richie D. James aura prêté son piano-clavecin défaillant) ou
High Point, apothéose du parcours (comme son nom l'indique), chanson onirique où plane l'ombre de
Kevin Shield.
De la haute constante générale, ressortent de peu
Violent badger, qu'on croirait enregistré avec
dDamage, et surtout le petit hymne
Fudge brownie brain, exemplaires parmi une fresque électronisée cohérente et captivante, gravée d'imagination brute et de personnalité. Ra, we love you !
Chroniqué par
Guillaume
le 30/08/2004