Beethoven a composé neuf symphonies et aurait certainement composé la dernière si la mort ne l'avait pas rattrapé ... La Dixième Symphonie composée par
Pierre Henry en 1979 est donc une interprétation personnelle. Pour cela, ce dernier recevra les Victoires de la Musique en 1988. Et dix ans plus tard il sort un remix expérimental de cette symphonie.
Ce disque peut être déroutant aux premiers abords, mais il est tellement riche qu'il serait fort prétentieux de ne pas l'écouter quelques fois avant de dire que cet homme est fou à lier.
Dès le premier morceau,
Pierre Henry nous plonge dans son vaste univers musical : une ambiance foraine s'installe peu à peu. C'est alors que surgissent au loin des violons : voilà notre Dixième Symphonie !
Puis le deuxième titre arrive : à ce moment, en fermant les yeux, on peut s'imaginer en train de déambuler dans la rue. Enfin le troisième morceau vient et là : coupure, c'est du Beethoven seul.
Et tout au long de l'album,
Pierre Henry s'amuse à fusionner la musique grandiose de Beethoven avec des bruits cocasses et des mélodies électroacoustiques : cela nous ramène des siècles ou des décennies en arrière, ou bien tout simplement au temps présent. Et ce mélange, semble-t-il incohérent, prend peu à peu forme, et on distingue avec joie que cette musique est extrêmement imagée mais aussi esthétiquement surprenante. Il faut entendre les canons et le feu dans Guerre pour se rendre compte que chaque déflagration arrive à point nommé, chaque braise qui éclate devient une arme qui tire ...
Un chef-d'oeuvre de la musique contemporaine, qui montre le talent multi-facettes de
Pierre Henry, précurseur de l'IDM.
Chroniqué par
Anome
le 08/07/2004