Souvenez-vous : New York, fin des années 70, un certain
Grand Master Flash officie aux platines, faisant découvrir à une scène en pleine ébullition les premiers breakbeats qui donneront naissance au hip-hop et à la drum’n’bass.
D#Compoz, premier album du turntablist parisien
Mister Aul, effectue un véritable retour aux sources du genre, s'inscrivant dans la lignée des premiers travaux des
Beats Junkies ou des légendaires
Invisible Scratch Piklz pour présenter un album dédié à tous les amateurs de culture dj et de groove.
Sans complexe,
Mister Aul résume ses 15 ans de métier en une phrase-clé, «Welcome to the next level». La technique est effectivement au rendez-vous dès l’ouverture du disque, avec l'avalanche de scratches de
Pump Up the Bass, qui cède rapidement sa place à une succession de petites bombes «strickly hip-hop», essentiellement construites autour de samples vocaux et de rythmiques sèches. Rien à redire sur le savoir-faire de
Mister Aul, le courant passe très bien, au point de vous motiver à retourner votre armoire pour retrouver vos Superstars et votre survet tri-bande rouge délavé. Mention spéciale aux cuivres du maxi
I Love Vinyl et au loop de guitare de
Funky Dope sur lequel viennent s’apposer des scratches d’une terrible précision.
Mais le talent de
Mister Aul ne se limite pas au scratching pur et dur, comme le confirme le travail de production plus abouti qui caractérise certains titres de
D#Compoz. Ainsi, le turntablist n’hésite pas à s’éloigner des sentiers battus du hip-hop pour s’offrir quelques expérimentations drum’n’bass, ou encore de discrets hommages aux tubes techno de
Mr. Oizo. Confirmation avec les basses lourdes et les breaks rapides de
Startin To Move, et le beat oppressant et déstructuré de
Dark Side. Enfin,
D#Compoz renferme quelques intermèdes estampillés funk/soul, permettant d’aérer quelque peu un disque qui peut parfois s’avérer dense et répétitif pour les néophytes. En effet, les scratches de
Mister Aul ne laissent aucune place à d’éventuels featurings qui auraient donné une dimension supplémentaire à ses productions. Mais qui auraient également mis à mal le concept privilégié par l’artiste.
Au final, le turntablist parisien délivre un opus à la fois cérébral et entraînant, où la technique n’est jamais mise en avant au détriment des mélodies ou de la musicalité de chaque titre. En d’autres termes, si vous avez éprouvé certaines difficultés à entrer dans l’univers de
Kid Koala et un sentiment de fatigue à l’écoute des derniers travaux de
Rob Swift, vous devriez apprécier le subtil mélange concocté par
Mister Aul sur ce dynamique
D#Compoz.
Chroniqué par
David Lamon
le 17/05/2004