Avec
Deadbeat,
Desiderii Marginis avait placé la barre très haut. Son successeur était tout naturellement attendu avec impatience et confiance.
Malheureusement, et avec toute l'objectivité requise, force est de constater que
Strife n'est pas vraiment une réussite.
Rien à dire du côté de la production, elle est impeccable. Mais pour ce qui est de l'interêt général du cd et de sa longévité, il y a matière à s'interroger. On retrouve ce qui a fait le succès de
Deadbeat sur ce nouvel opus : nappes sombrissimes et vastes venant s'échouer en vagues successives, sonorités noisy typiquement "marginisiennes" et mélodies tristes en second plan. Mais voilà, s'il suffisait d'aligner ces quelques élements pour faire un album réussi, alors le travail serait vite réglé.
Au début, tout commence bien.
Forlorn pt.2 et
Blackout disposent d'une atmosphère intrigante et caverneuse qui n'a rien pour déplaire. Du très bon dark-ambient, oscillant entre mélancolie suggérée et noirceur de circonstance, agrémenté par moments de sonorités métalliques et étouffées. La suite est beaucoup moins accrocheuse, et les morceaux se succèdent sans réelle originalité, laissant l'ennui gagner très vite l'auditeur dont la principale envie à ce stade est de sortir le disque de sa chaîne hi-fi préférée.
Il faudra attendre la toute fin de la production avec
The Sweet Hereafter avant de déceler enfin quelque chose de franchement accrocheur, grâce à l'ambiance reclue et désespérée créée par une mélodie de piano de toute beauté.
Ce ne sera pas suffisant.
Certains y trouveront leur compte et c'est bien normal, ce qui déplait aux uns peut contenter les autres, n'enlevons pas au projet de Johan Levin toute créativité. En tout cas, une vraie déception qui ne nous laisse guère qu'une alternative : attendons la suite...
Chroniqué par
Yragael
le 13/05/2004