La pochette du premier album de
Virga présente diverses nuances de gris, à l'image de la musique de ce
Eidos, qui est comme une déclinaison monomaniaque de cette couleur musicale, dans sa diversité: gris sale et industriel, froid et métallique, gris sombre du bitume (
Mameffe et son vrombissement de bolide sur l'asphalte), gris argenté le plus pur.
En effet, avec un savoir faire impressionnant,
Virga propose dans cet album un alliage de textures sonores riches et profondes, servies par des beats souvent lourds et paranoïaques, un peu comme si Massive Attack avait poussé la logique cauchemardesque de sa musique à son paroxysme, comme sur
Enimia, trip-hop lancinant et polaire.
La longue plage
Steinbock pourrait quant à elle faire penser à des Boards of Canada de la période glaciaire.
Mais arrêtons là les comparaisons, car la musique de
Virga dévoile un paysage musical extrèmement personnel, à la surréalité étrange, aux sonorités aériennes, subtelluriques et rampantes, comme si
Eidos était la tentative ô combien réussie de mettre en musique toutes les couches de la matière, de la plus dense et compacte, à la plus éthérée.
En résulte un album totalement à part, organisme sonore mutant au pouvoir hypnotique, réservoir intarissable d'intelligence musicale.
Je vous conseille vivement d'écouter cet album au casque, pour saisir au mieux toutes les richesses et les subtilités de cette musique à la fois abstraite, cérébrale et saturée de matière.
Chroniqué par
Imogen
le 04/04/2004