Histoire de rendre l'incursion encore plus passionante, Steve Roach est venu seconder son homologue musical belge, pour faire de
Spirit Dome une oeuvre à la mesure de notre vertigineuse imagination. Construites selon la méthode éprouvée du "long mix découpé", les huit parties de l'album incitent au fil des minutes l'auditeur volontaire à lâcher prise pour un long moment et se laisser emporter par les effluves extatiques d'une musique atmosphérique profonde et vaste. Comme un voyage immobile, d'imprégnantes ambiances se succèdent, de la fraîcheur aquatique d'un ruisseau, à la pesante sensation d'enfermement d'une chambre caverneuse, vivante de millions d'échos. De furtifs instants mélodiques, comme des apparitions, enflent et disparaissent en autant d'incorporelles éclosions de notes, avant de s'éclipser, noyées dans l'océan houleux créé grâce à une prédisposition musicale aux nappes ambientes brumeuses et continuelles. On imagine le désert, le sommet des dunes égratigné par le vent et l'ardeur du soleil. Une forêt vivante, sombre et sans limite, qui s'anime au détour d'un rythme tribal lointain et inlocalisable. On imagine enfin, la voûte d'une cathédrale, l'endroit même où la ferveur spirituelle imprègne la pierre. Parfois, la continuité sonore se trouve striée de drones vibrants et autres fréquences stridulentes, avant de retourner au vide cosmique qui lui est attribuée. Et pour terminer, un jeu perpétuel du jour et de la nuit, alternant sensation planante de félicité et oppression soutenue d'un dark-ambient nébuleux.
Casque obligatoire et pas d'arrêt avant l'arrivée ; avant la descente devrait-on dire. Même si cela semble étrange
Spirit Dome est plutôt accessible et pour une musique contemporaine, on lui trouvera un fort penchant pour le dépaysement.
Chroniqué par
Yragael
le 28/02/2004