Molasses ou quand
Godspeed You Black Emperor! se la joue mollasson ? Quel jeu de mot pourri que voilà ! Heureusement que cet album,
A Slow Messe, vole plus haut.
On y retrouve ici un double CD extrêmement mystique et spirituel. Les morceaux folk s'enchaînent, entrecoupés d'interludes étranges et inattendues, plongeant un peu plus l'auditeur dans cette paix et cette douceur voulue.
C’est une bonne dizaine d’artistes qui ont donc participé à cet album, jouant de la batterie, du violon, de la contrebasse, de la guitare acoustique et électrique, des claviers, de la flûte, du trombone, de la clarinette, de la trompette, du saxophone, du banjo et autre tambourin pour créer une atmosphère lente et souvent minimaliste (eh oui !). Ce ne sont pas les
Valley Song,
Our Lady of Winter ou encore
Chinatown No. 33 qui me démentiront, merveilleuses ballades à travers des lieux et des époques figées par le temps ou la neige. Mais en fait, derrière ce rythme lent et folk se cachent des envolées folles semi-improvisées, comme sur les excellents et très lourds
Death March et
Silkworm qui gardent une rythmique très lente du début et à la fin, mais dont l'intensité varie de l'état d'épuisement à celui de tuerie. On retrouve également de la folk "countrysante" (je vous assure que c'est très agréable à écouter) sur
Insomnia. Et que dire de morceaux comme
Killing Lucy Stone ou
Adieu L.S.A. ? Emouvant, passionnant, triste... L'ensemble choeurs/guitare est troublant. Il y a du
Ennio Morricone dans l'air. Quant à
Delerium Rag, le mot "bijou" revient sans cesse pour en parler. Un début que l'on pourrait attribuer à
Godspeed You Black Emperor!, dans lequel divers instruments à cordes, percussions et grondement de tonnerre raisonnent le temps de se mettre en place, partant d'un état latent, à peine rythmé par ces trois coups de batteries entêtants et ce touché de contrebasse mystique, montant progressivement, pour finir dans une explosion collective salvatrice. Stress et bien-être s'enchaînent, entrecoupés donc d'interludes instrumentales neutres. Et je ne pouvais achever cette chronique sans parler de cette très belle contine,
la berceuse d'Eve, rythmée par une contrebasse, sur laquelle piano et violons se font plaisir et par dessus lesquels Scott Chernoff chante en anglais, suivit de Norsola Johnson et Jennifer Ménard en français, des paroles qui aideront certainement Eve à s'endormir... En tout cas, je suis sous le charme. Et pour clore cette longue prière de deux disques,
Molasses nous offrent un hymne se terminant dans un bourdonnement d'orgues (pour le coup tous les membres du groupes se sont munis d'un orgue) de deux minutes suivit d'un morceau d'église joué au clavier également...
Molasses voulaient-ils nous prouver que le (post) rock pouvait lui aussi exprimer ses prières en musique et que la spiritualité n'est pas réservée uniquement à l'église ?