Dialogue: ce titre sonne comme la promesse d'un album ouvert et généreux, et effectivement, sur ce premier album comme sur Pause et Rounds ses dignes successeurs, l'électronique de Kieran Hebden est tout sauf repliée sur elle-même.
Le jeune sorcier de l'électronique peut même à travers Four Tet se targuer de rendre l'univers des musiques électroniques accessible au plus grand nombre sans que cela ne soit synonyme de moindre exigence ou de facilité. Alors bien sûr que la musique de Four Tet remplace un jour la soupe FM que l'on nous sert tous les jours à la radio, cela reste un voeu pieux, néanmoins, si élargissement du public vers une électronique accessible mais exigente il doit y avoir, on peut penser que la musique de Four Tet serait une des portes ouvertes les plus crédibles à cet élargissement.
Album sophistiqué, plus complexe qu'il n'y paraît, c'est tout l'art de Four Tet de donner à l'auditeur sur Dialogue une impression de limpidité, la sensation que la musique se déploie d'elle- même de façon lumineuse et sans effort.
La musique de Four Tet convoque sur Dialogue des mondes sonores divers: la liberté fougueuse du free jazz sur un breakbeat hip hop (Chiron) , des sonorités exotiques sur 3.3 degrees from the pole qui nous transportent dans une sorte de forêt amazonienne digitale traversée de cuivre indompté et de percussions entraînantes pour se terminer encore sur des réminiscences jazz, du jazz encore, sur l'impeccable Misnomer: ce sont quelques un des paysages sonores que donnent à entendre Dialogue.
Pour chipoter un peu, on pourra trouver Calamine réussi mais un peu trop étiré sur sa fin, mais ne soyons pas bégueule, Dialogue est un album très réussi.
Aves ses trois albums , Kieran Hebden en parallèle de son groupe Post Rock Fridge s'offre en solo des incursions dans l'électronique très convaincantes. Pourquoi s'en priver?
Chroniqué par
Imogen
le 23/06/2003